Jakob Müller, producteur de lait
23 avril 2010Il est 5h30. Le jour n'est pas encore levé mais Jakob Müller se met déjà au travail. L'éleveur de 49 ans prend le chemin des pâturages pour ramener les vaches à l’étable. Son épouse Bärbel l'attend devant l'entrée. « Ma femme veille à ce que tous les animaux aillent à la bonne place. Chaque vache a une place attitrée pour être reliée à la trayeuse. »
Quand les vaches ont enfin rejoint leurs boxes, Bärbel et Jakob Müller leur apportent du foin. Le couple est occupé sans relâche à nourrir les vaches et à les caresser : il faut que les animaux se sentent bien, cela rend la traie plus facile. Jakob Müller a grandi à la ferme. Il a suivi les traces de ses parents, car ce qu'il aime, c'est le contact avec les bêtes, et la vie à la campagne : « On éprouve un sentiment de réussite et de bonheur quand on voit un veau en bonne santé courir et sauter partout dans la prairie », explique l’éleveur.
Un travail difficile
Tout n'est pourtant pas rose dans la vie de Jakob Müller. Le fermier se lève tous les matins à cinq heures et sa journée de travail ne s’arrête qu’à 19 heures. Deux fois par jour, il doit aller chercher les vaches dans leur pré, les traire, puis les remettre à brouter. Et comme si cela ne suffisait pas, Jakob Müller monte chaque jour dans les alpages où restent une partie de ses bêtes. Il s'assure que tout est en ordre, que les vaches ont ce dont elles ont besoin.
Lorsque la traite du matin est terminée, Jakob Müller a un peu de temps pour rentrer chez lui et faire une pause avec son épouse Bärbel : « C’est le premier temps fort de la journée : le petit-déjeuner avec ma femme », explique-t-il pendant que Bärbel met la table. Tous les deux apprécient ces minutes passées ensemble. Mais la pause est courte, il faut déjà retourner au travail.
Dans les alpages
Après le petit-déjeuner, Jakob Müller va dans les pâturages, plus haut dans la montagne. Il y monte en tracteur et quand le chemin s'arrête, il continue à pied sur des sentiers escarpés. Sa prairie est située entre deux montagnes, le Kampenwand et le Gederer Wand. Le plus haut sommet est à 1 600 mètres d’altitude. Pendant la période la plus chaude de l’année, les vaches y ont beaucoup à brouter : l’herbe verte est dense et fraîche ; quelques buissons épais sont éparpillés sur la vaste prairie de 17 hectares – l’équivalent de 24 terrains de football.
Peu avant midi, Jakob Müller reprend le chemin de la ferme. Quand on lui demande quelles sont les qualités requises pour devenir fermier en haute montagne, il répond sans hésiter : « Il faut savoir être en harmonie avec la nature, et passionné par l’agriculture ». De retour à la ferme, c'est déjà l'heure de la deuxième traite de la journée.
Des temps difficiles
L’agriculture est un vrai plaisir pour Jakob Müller. Dans le passé, cela lui a aussi permis de gagner de l’argent. Mais aujourd’hui, la situation économique du fermier a changé avec l’effondrement des prix du lait : « A cause de ces bas prix, nous avons comme un trou dans la caisse. En ce moment, je travaille à perte », déplore-t-il. Dans toute l’Europe, de nombreux exploitants agricoles souffrent de la baisse des prix de leurs produits. Malgré tout, Jakob Müller parvient à joindre les deux bouts : il loue trois appartements et fait de petits travaux chez d’autres agriculteurs. « J’essaie de voir le bon côté des choses dans tout ce que je fais. Il faut voir les choses ainsi. » Jakob Müller ne veut pas rendre les armes.
Auteur : Carla Fernandes
Traduction : Aline Ranaivoson
Edition : Anne Le Touzé