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EconomieAfrique

"La coopération sous-régionale est primordiale"

Rodrigue Guézodjè
13 mars 2024

Interview avec Ousmane Diagana, le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du centre.

https://p.dw.com/p/4dRgu

Les menaces terroristes en Afrique de l’Ouest, mais aussi la précarisation de certaines régions, sont autant de défis pour les Etats africains et un obstacle à leur développement.

Elles mettent en effet en péril les efforts déployés pour mettre fin à l’extrême pauvreté.

C'est ce que souligne le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du centre, qui a effectué, il y a quelques jours, une visite conjointe avec la ministre allemande de la Coopération économique et du développement, au Burkina Faso et au Bénin.

Ces deux pays subissent différemment les impacts de la montée de la menace terroriste. Ousmane Diagana affirme pourtant que les efforts du Bénin vont dans le bon sens. On écoute le vice-président, Afrique de l’Ouest et centrale, de la Banque mondiale.

 

Ecoutez ci-dessus l'entretien avec Ousmane Diagana

 

DW : La Banque mondiale a approuvé en septembre 2023 un financement de 230 millions de dollars devant soutenir l'émergence du secteur privé, stimuler la collecte des recettes nationales et renforcer la résilience des Béninois face aux effets des changements climatiques. Quelle évaluation faites-vous à ce jour de l'utilisation de cet argent ?

De manière générale, tous les programmes que nous avons au Bénin s’effectuent très bien, parce qu'à la base, il y a une vision claire, il y a un leadership affirmé, et puis il y a une stratégie de développement.

Il faut des conditions de base pour que les programmes puissent s’exécuter bien. Au Bénin, nous avons ce constat: ce projet est un plus par rapport à des projets qui étaient déjà vastes et diversifiés.

 Vous l'avez dit, il vient d'être approuvé, en 2023, c'est très tôt pour se prononcer, bien entendu, sur ces réalisations. Mais je crois que la direction que nous prenons, c'est de dire que  le rôle de l'Etat est extrêmement important.

Il faut définir un cadre de développement. Il faut un certain nombre d'infrastructures importantes que l'Etat doit financer. Mais le rôle de l'Etat, dans un cadre de développement inclusif et durable, ne sera pas suffisant s'il n'y a pas un secteur privé dynamique, à côté.

Il faut créer un environnement propice pour que les investissements privés, puissent venir. Ces investissements privés peuvent être des investissements privés  nationaux, comme ils peuvent être des investissements privés extérieurs.

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 Ce cadre propice demande que la réglementation soit conforme aux standards internationaux, mais également que les goulots d’étranglement, qu'il s'agisse de l'accès des populations et des investisseurs au secteur financier, ou des problématiques foncières soient également réglés.

 

DW : Que pensez-vous des nouveaux défis sécuritaires dans le nord du Bénin, avec les activités terroristes et les impacts que cela peut avoir sur l’atteinte effective des résultats espérés ?

Il est clair que, dans notre sous-région de l'Afrique de l'ouest, chaque pays est la continuité d'un autre, et donc ce qui se passe dans les pays voisins affecte nécessairement les autres pays.

D’où l'importance de la coordination, de la coopération sous-régionale.

Je pense que le Bénin l’a très bien compris, très tôt, ayant développé des stratégies de partenariats avec les autres pays. Mais au-delà de ces cadres, ce qui est surtout important, c'est d'investir pour que les jeunes puissent avoir accès au travail.

Il faut investir pour que le système éducatif soit un système pertinent, parce que les vulnérabilités, en dehors des qui résultent des chocs exogènes, par exemple le climat, dans la plupart de nos pays, proviennent du fait qu'il y a un manque d'espoir des jeunes qui ne parviennent pas à trouver du travail. Et un des facteurs qui explique cela aussi, c'est la mauvaise adéquation de l'éducation par rapport aux besoins du marché du travail.

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Il faut travailler en amont sur ces questions-là. C'est justement tout le sens des échanges que nous avons aujourd'hui avec le Bénin, pour pouvoir cibler les secteurs qui permettent au pays d’être un modèle de stabilité.

Il y a des défis que vous avez mentionnés, mais il faut faire en sorte que ce qui fait la force du Bénin aujourd'hui puisse être maintenu, renforcé afin d'aplanir ce qui se présente comme des éléments de fragilité.

 

DW : Le Bénin est-il un pilier de cette lutte contre le terrorisme dans le Sahel ?

Absolument, et je crois que les échanges que nous avons eus avec les autorités, mais également les expériences que nous avons pu avoir sur le terrain à travers, par exemple, le projet de cohésion sociale.

Celui-ci cible un certain nombre de groupes comme les femmes, les jeunes, les éleveurs et un certain nombre de secteurs, l'éducation, dans un cadre de politique de développement plus pertinent tel que la décentralisation, qui  permette d'impliquer les populations aussi bien en amont qu’en aval, sur la définition des politiques publiques, sur leur mise en œuvre et sur leur suivi et l'exemple qu’il faut suivre.

Le Bénin le fait et on peut absolument dire que le Bénin présente des atouts qui lui permettent de s'adresser à ces problèmes que nous avons mentionnés tout à l'heure.