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A Beni, l'économie locale souffre des attaques des ADF

Pascal Mapenzi
11 décembre 2024

Après une accalmie, les rebelles ADF multiplient les attaques dans la région de Beni, au grand dam des agriculteurs et commerçants qui voient leurs activités diminuer.

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Demokratische Republik Kongo | Straßenszene in Beni
Image : Delphin Mupanda/Xinhua/IMAGO

Les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées, les ADF, font toujours parler d'eux à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo

Après une accalmie observée au cours des derniers mois, les ADF ont encore multiplié leurs attaques

Depuis le début du mois de décembre, au moins 19 personnes ont été tuées. Des agriculteurs qui venaient de se réinstaller dans leurs champs sont à nouveau obligés de se retirer. 

L'économie locale, qui commençait à renaître, est désormais menacée par ces nouvelles attaques rebelles. 

Des ambitions stoppées net

Ainsi, Justin Paluku passe désormais ses journées dans sa parcelle à Oicha. Il ne peut plus accéder à son champ depuis les récentes attaques des rebelles contre les populations civiles. Pourtant, depuis quelques mois, Justin était revenu dans son champ qu'il avait abandonné en raison des attaques des groupes armés.

"En juin dernier, j'ai repris mes activités agricoles, explique-t-il. J'étais heureux de revoir mon champ plein de bananes plantains, il y avait du manioc et surtout du cacao, prêt à être récolté. Au village, tout le monde était heureux dans son champ. Il y a deux semaines, j'ai vendu 120 kilogrammes de cacao et j'ai reçu 750 dollars américains en une seule récolte. En quelques mois seulement, j'ai constaté un changement dans ma vie, puisqu'on ne manquait plus de nourriture dans la maison et je payais facilement les frais scolaires des enfants. J'épargnais une partie pour acheter un deuxième champ en 2025 afin de multiplier les revenus. Mais là, je suis désespéré".

Ecoutez le reportage à Beni...

La peur au marché

Justin Paluku n'est pas le seul à vivre un tel cauchemar. Mamy Kavira craint également pour son commerce qu'elle a repris il y a six mois. Chaque lundi, mercredi et vendredi de la semaine, elle se rend dans les marchés périphériques du chef-lieu du territoire de Beni pour vendre des fripes. Ses affaires tournaient bien, mais la joie de Mamy n'a été que de courte durée.

Elle explique que "les marchés étaient très dynamiques et l'argent circulait, mais maintenant que ces attaques ont repris, je suis déstabilisée. La dernière fois, le marché a été très timide et on n'a rien vendu. J'ai maintenant peur d'emprunter les routes vers différents marchés, les rebelles peuvent nous tendre des embuscades et je vais perdre tout mon capital".

Cellules dormantes

Selon l'armée congolaise, les ADF tenteraient de revenir vers leurs anciennes positions. Le porte-parole de l'armée à Beni, le lieutenant-colonel Mak Azukay, appelle ainsi la population à la prudence pendant les fêtes de fin d'année.  

"On avait beaucoup d'assurance sur le contrôle de la zone, mais je dois vous dire que l'ennemi a saisi une occasion pour s'infiltrer dans nos lignes, explique le militaire. Il y a des cellules dormantes qui travaillent pour l'ennemi. C'est donc une occasion pour dire à la population d'être prudente à la veille des fêtes de fin d'année. L'ennemi n'a pas encore désarmé".

Pour sa part, la société civile locale demande à l'armée de maintenir la pression sur les ADF. Depuis trois ans, les armées ougandaises et congolaises mènent des opérations conjointes pour tenter de neutraliser les groupes armés dans l'est du pays. Mais leurs efforts n'ont pas mis fin aux violences dans cette région.