Insécurité au Mali : vers un soutien d'Alger à Moscou ?
4 janvier 2022Des avions militaires russes dans le ciel algérien en vue d’aider le Mali dans sa lutte contre les groupes armés, cela ne devrait guère surprendre selon le chercheur Riadh Sidaoui, au vue dit-il, de la bonne coopération militaire qu’Alger entretient avec Moscou depuis son indépendance en 1962.
"Il y a des accords militaires stratégiques entre l’Algérie et la Russie tout comme ce fût le cas entre l’Algérie et l’ancienne
Union soviétique. 65 % des importations d’armes de l’Algérie viennent de la Russie et de la Chine. Pas n’importe quelles armes. Des armes très sophistiquées comme des S400, des sous-marins des Mig très sophistiqués. La Russie avec Poutine veut reprendre une partie de son influence en Afrique. Elle a mis les pieds en Libye et en Centrafrique et maintenant au Mali. En outre, les Algériens ne veulent pas de présence militaire étrangère à leurs frontières surtout de la France", explique t-il.
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Début octobre 2021, dans un contexte de tensions avec la France, l'Algérie avait annoncé l’interdiction du survol de son territoire aux avions militaires français.
"Comme un air de vengeance"
Pour Riadh Sidaoui, la coopération entre Alger et Moscou sur plusieurs dossiers, notamment celui du Mali, a aussi un air de vengeance vis-à-vis de la France et des Etats-Unis, deux pays qui soutiennent le Maroc face à l’Algérie dans le dossier du Sahara Occidental.
Selon le chercheur, "le Maroc est soutenu par Israël et aussi par les Etats-Unis sous Donald Trump qui ont reconnu le Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc. Et la France est très proche de la position du Maroc. Alors, l’Algérie renforce ses alliances avec d’autres puissances comme la Russie et la Chine."
Il y a quelques mois, le quotidien français Le Monde qualifiait de “scénario noir pour Paris”, le rapprochement entre l’Algérie et la Russie sur le dossier malien.
Preuve de la bonne entente entre l’Algérie et la Russie, en 2006, Moscou avait effacé la dette algérienne estimée à près de 5 milliards de dollars.
Difficile donc pour l’Algérie, au vu de tout cela, de ne pas accompagner l’allié russe dans l’aventure malienne, estiment certains experts.