Heiko Maas défend l'Afrique
18 juin 2018Quelle Europe face à un monde en pleine mutation avec le défi migratoire et la montée du nationalisme ? La réponse du ministre allemand des Affaires étrangères est claire : une Europe unifiée. Lors d'une rencontre à Berlin sur l'avenir de l'Europe, le ministre Heiko Maas s'est prononcé en faveur d'une politique extérieure commune aux Etats membres de l'Union européenne, y compris dans ses relations avec l'Afrique.
"America first" vs "Europe unie"
Une chose transparaît clairement dans les propos du ministre allemand des Affaires étrangères : les relations transatlantiques connaissent un changement radical sous l'influence du président des Etats-Unis Donald Trump. Le slogan "America first" - l'Amérique d'abord - appelle une réponse européenne qui se résume également en deux mots : "Europe united" - Europe unie.
Pour l'instant, ce n'est qu'un rêve car les points de divergences internes à l'Europe sont multiples, autant dans le domaine économique que sécuritaire. Pour les Européens, les migrations irrégulières représentent une menace pour la sécurité. Or chaque pays a une approche différente, surtout avec les succès électoraux des mouvements ou partis politiques d'extrême droite.
Pour le ministre Heiko Maas, l'Europe a besoin "d'une politique africaine commune qui définit l'Afrique pas seulement comme une consommatrice de l'aide au développement ou une exportatrice de crises et de migrants."
Partenariat sincère
A l'occasion de son premier voyage en Afrique, Heiko Maas se serait rendu compte de ce que "les Africains ne comptent pas seulement sur l'aide au développement, mais ils veulent un partenariat sincère."
Reste à réussir à mettre en place une telle stratégie commune. Le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas mise sur un partenariat franco-allemand pour encourager d'autres États à participer à l'effort d'union.
Or une telle approche ne convainc pas Alexander Stroh, Professeur à l'Université de Bayreuth, dans l'Est de l'Allemagne, et spécialiste de l'Afrique. "Si le ministre parle de l'Afrique, à quelle Afrique est-ce qu'il pense ?", s'interroge-t-il.
Alexander Stroh en veut pour preuve, les différences qui existent en Afrique en matière de bonne gouvernance. "Il y a évidemment des États en Afrique, des gouvernements en Afrique avec lesquels on devrait être dans un partenariat sincère. Mais il ne faut pas négliger qu'il y a également des gouvernements en Afrique avec lesquels un partenariat est difficile à avoir, pour au moins l'avenir proche", insiste l'expert.
L'Allemagne est actuellement engagée au Mali et en Somalie dans le domaine sécuritaire. Berlin promeut également un partenariat stratégique avec l'Afrique qui implique les autres pays industrialisés. Par exemple, l'initiative du G20 "Compact with Africa" qui encourage l'investissement privé, créateur d'emploi pour la jeune génération africaine.