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Guinée: au moins 56 morts dans un stade de football

Georges Ibrahim Tounkara | Avec agences
2 décembre 2024

Des supporteurs ont envahi le terrain. Des témoins indiquent que certains s'en sont pris à la tribune officielle, provoquant l'intervention de la police.

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La débandade au stade de  N'Zérékoré ce dimanche 1er décembre 2024
Des supporteurs ont envahi le terrain provoquant l'intervention des forces de sécurité Image : Social media via REUTERS

Un mouvement de foule lors d'un match de foot dédié au chef de la junte qui dirige la Guinée a causé la mort d'au moins 56 supporteurs dimanche, a indiqué lundi le gouvernement, l'opposition accusant le pouvoir d'être "directement responsable" du drame.

Les évènements de N'Zérékoré, d'abord présentés comme des heurts entre supporteurs, ont été déclenchés par l'expulsion d'un joueur à la fin de la partie entre le club local et celui de Labé en finale d'un tournoi organisé en l'honneur du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, ont indiqué des témoins.

Des supporteurs ont envahi le terrain. Des témoins indiquent que certains s'en sont pris à la tribune officielle, provoquant l'intervention des forces de sécurité.

"Les manifestations de mécontentement vis-à-vis des décisions arbitrales ont entraîné des jets de pierre de la part des supporteurs, provoquant des bousculades mortelles", dit le gouvernement dans un communiqué lu à la télévision nationale. 

"Les services hospitaliers font état d'un bilan provisoire de 56 morts et plusieurs blessés", ajoute-t-il en parlant de "tragique évènement".

Il assure que la prise en charge des blessés est "garantie" et "s'engage à accompagner les familles endeuillées".

"Le gouvernement assure (à) la population que des enquêtes seront menées pour établir les responsabilités liées à ce malheureux évènement", dit-il.

Des jeunes ont incendié un commissariat de police dans la nuit, a indiqué la télévision publique.

"Le gouvernement suit l'évolution de la situation et réitère son appel au calme afin que les services hospitaliers ne soient pas gênés dans l'apport des premiers secours aux blessés", a dit le Premier ministre Amadou Oury Bah sur sa page Facebook.

Mamadi Doumbouya le chef de la transition en Guinée, le 12 novembre 2024
Le FNDC dénonce la "campagne de propagande" de Mamadi Doumbouya et son gouvernementImage : Saliou Samb/REUTERS

Bilan très lourd

Des médecins ont fait état dimanche auprès de l'AFP de dizaines morts au moins.

Beaucoup de vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant de nombreux corps inertes allongés les uns à côté des autres. Elles montrent aussi des scène de grande confusion, avec des personnes prenant la fuite en courant près de ce qui semble être le stade.

Les médias en ligne ont fait état de services hospitaliers et d'une morgue saturés par l'afflux de blessés et de corps.

Les faits se sont produits lors d'un tournoi dédié au chef de la junte, qui a renversé par la force le président civil Alpha Condé en septembre 2021 et s'est depuis fait investir président, a rapporté la presse.

De telles compétitions de foot, sport numéro un en Guinée, et autres rassemblements populaires ou publics sont organisés depuis plusieurs semaines dans ce qui est largement considéré comme une campagne de promotion d'une candidature du général Doumbouya à une future présidentielle.

L'opposition dénonce

Le Front national de défense de la Constitution, une des dernières voix dissidentes à pouvoir encore se faire entendre en Guinée, a exprimé dans un communiqué son "indignation" après le drame de N'Zérékoré.

Le FNDC parle de "campagne de propagande". Il "tient Mamadi Doumbouya et son gouvernement (pour) directement responsables de cette catastrophe qui a coûté la vie à des citoyens innocents, parmi lesquels de nombreux enfants".

"Cela démontre une instrumentalisation cynique du sport par la junte, exploitant ces images de mobilisation à des fins politiques", ajoute-t-il.

Il appelle les Guinéens "à se mobiliser, dans le calme, avec détermination, pour exiger la fin de ce régime à compter du 31 décembre 2024".

La junte s'était initialement engagée, sous la pression internationale, à céder la place à des civils élus avant fin 2024. Elle a fait savoir depuis qu'elle manquerait à sa promesse. Plusieurs partisans de M. Doumbouya se sont dits récemment favorables à sa candidature à la présidentielle.
   
      
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle