Guillaume Soro quitte le perchoir
8 février 2019C’est dans une Assemblée nationale quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire de la police et de la gendarmerie nationale que le président de cette institution a annoncé sa démission. Avec ce départ, Guillaume Soro met fin à un suspense qui n'en était pas vraiment un tant cette décision était pressentie :
‘’Je ne suis pas homme à m’accrocher à un poste comme un saprophyte à un poste. Rassurez-vous chers collègues, je demeure serein tout en quittant ce poste aisé de président de l’Assemblée nationale pour l’aventure de mes convictions. Chers collègues, à cet instant précis, je démissionne de mes fonctions de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Oui, j’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix, pour la Côte d’Ivoire, comme j’ai eu à le faire par le passé.’’
Parmi les 245 députés présents à cette session extraordinaire, Mamadou Kanigui Soro, un proche de celui qu’il convient désormais d’appeler l’ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Le député explique que la pression exercée sur M. Soro ces dernières semaines et qui l’a conduit à la démission, est une violation flagrante de la constitution ivoirienne :
‘’ Il a décidé de partir de son poste pour préserver la paix sociale dans notre pays et je l’encourage. Je suis meurtri parce que la Constitution ne l’obligeait pas à le faire.’’
Le fond et la forme
Pour le député Abdoulaye Ben Méité du Rassemblement des républicains, cette démission est la conséquence logique du choix politique de M. Sorro :
‘’ Au-delà des émotions que cela peut susciter, j’estime pour ma part qu’une telle décision relève de la satisfaction d’une obligation de cohérence.’’
De son côté, Olivier Akoto, le porte-parole du groupe parlementaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, dit avoir pris acte de cette démission avant d'en déplorer les circonstances :
’’ Le groupe parlementaire PDCI-RDA regrette que cette démission soit liée au congrès du RHDP. Nous comprenons que le président Guillaume Soro démissionne sous la contrainte. Et c’est déplorable.’’
L’entourage du président Ouattara prête à l’ex-président de l’Assemblée nationale des ambitions présidentielles pour 2020, alors que celui-ci n’a pas encore confirmé sa candidature.
Avec le départ du numéro deux de l’Etat, il s'agit bien d'un divorce consommé après plus de 20 annés de collaboration entre le président Ouattara et celui qui l’a porté au pouvoir en 2011.