1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
EconomieAllemagne

Gaz russe : l'inquiétude des industriels allemands // En Côte d'Ivoire, l'allemand a la cote !

Vu d'Allemagne
27 avril 2022

Le gouvernement allemand s'efforce toujours de réduire sa dépendance à la Russie, mais l'industrie allemande est très inquiète d'un possible arrêt de l'approvisionnement en gaz qui entraînerait l'arrêt de la production dans certains secteurs-clés. // Reportage aux journées de la langue allemande en Côte d'Ivoire, pays d'Afrique où on apprend le plus la langue de Goethe !

https://p.dw.com/p/4ATCt

C'est une nouvelle qui donne des frissons aux baigneurs : l'eau des piscines publiques va être baissée d'un ou deux degrés dans certaines villes. La faute à "la guerre de Poutine !", s'indigne la presse à sensation.

La guerre menée par la Russie en Ukraine a effectivement aggravé la situation - déjà tendue - du marché de l'énergie. Et c'est donc la hausse des prix et la crainte d'une pénurie de gaz qui conduisent les communes à prendre de telles mesures.

Mais ce sont surtout les industriels qui s'alarment d'un éventuel arrêt de l'approvisionnement en gaz russe, et en particulier les secteurs à forte consommation d'énergie, comme l'acier ou le verre. C'est le cas, par exemple, de la fonderie d'acier FWH Stahlguss, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. 

L'acier et le verre en première ligne

La fonderie d'acier Friedrich Wilhelms Hütte (FWH) à Mülheim an der Ruhr risque de fermer en cas d'arrêt de l'approvisionnement
La fonderie d'acier Friedrich Wilhelms Hütte (FWH) à Mülheim an der Ruhr risque de fermer en cas d'arrêt de l'approvisionnementImage : imago/Rupert Oberhäuser

Dans cette usine sidérurgique, on fabrique des éléments en métal pour les trains ou les ponts. Le directeur de l'entreprise, Lars Steinheider, est catégorique sur les conséquences d'un arrêt des livraisons de gaz

"Un arrêt de l'approvisionnement en gaz conduirait ici à Mühlheim an der Ruhr à un arrêt immédiat de l'exploitation."

Dans l'industrie du verre aussi, les besoins sont immenses. Huit millions de bouteilles et autres récipients passent chaque jour sur la chaîne du fabricant Wiegand, en Bavière.

Le verre est liquéfié à 1.600 degrés dans des cuves de fusion. Mais si la chaleur n'est pas maintenue, le verre durcit, comme l'explique Nikolaus Wiegand, le directeur général de la société.

"Les fours de fusion du verre ne pourraient plus être exploités et cela risquerait probablement de les casser. Le cœur de notre base industrielle s'effondrerait."

Les cuves de fusion sont difficiles à remplacer, l'entreprise devrait attendre des mois pour en obtenir de nouvelles. Et selon Nikolaus Wiegand, cela serait ressenti dans toute l'Allemagne car l'entreprise produit 25 % de toutes les bouteilles et récipients en verre, tendance à la hausse. 

"C'est une entreprise qui fonctionne 24 heures sur 24. Si la production est suspendue pendant un mois, deux mois, trois mois, un an, deux ans, certains produits ne recevront tout simplement plus d'emballage".

Menace de récession

Selon l'Institut de recherche économique de Halle IWH, un arrêt de l'approvisionnement entraînerait une baisse de 2% de la performance économique de l'Allemagne. Et une augmentation conséquente du taux de chômage dans les régions industrielles.

Car la part de gaz naturel russe représente 65% de la consommation de l'industrie allemande, ce qui explique la réticence du gouvernement à fermer lui-même le robinet du gaz pour faire pression sur Moscou. 

Alors depuis des semaines, le vice-chancelier et ministre de l'Economie Robert Habeck multiplie les voyages, en Europe et ailleurs, pour trouver des alternatives au gaz russe

Des terminaux allemands pour le gaz naturel liquéfié

Le terminal GNL de Rotterdam, aux Pays-Bas
Contrairement aux Pays-Bas, l'Allemagne ne dispose pas encore de terminaux pour transformer le gaz naturel liquéfiéImage : Lex van Lieshout/ANP/AFP/Getty Images

Une d'entre elle est le gaz naturel liquéfié, qui pourrait être fourni par le Qatar et les Etats-Unis. Sauf qu'à l'heure actuelle, l'Allemagne ne dispose pas de terminaux pouvant transformer ce gaz qui arrive sous une forme liquide en un produit consommable.

La construction de terminaux GNL a donc été lancée en urgence, comme l'a souligné Robert Habeck il y a quelques jours.

"Les terminaux GNL sont construits à toute vitesse. En fait, par rapport aux délais de construction habituels en Allemagne, je dirais presque que c'est à la vitesse de la lumière. Nous allons voir combien de temps cela va durer, nous n'avons aucune expérience d'une progression aussi rapide de la construction. Mais oui, quand ils seront là, cela sécurisera une partie des importations de gaz naturel en provenance de Russie."

Trois milliards d'euros sont prévus pour la construction de terminaux GNL pour livrer directement du gaz liquéfié à l'Allemagne, et ce dès l'hiver prochain.

Pas d'éolienne sans gaz

Champ d'éoliennes au large de l'Allemagne dans la mer du Nord
Pour construire certaines pièces des éoliennes, il faut de l'acier et donc du gazImage : Tristan Stedman/MHI Vestas

Parallèlement, le gouvernement veut donner un coup d'accélérateur au développement des énergies renouvelables... Et notamment au développement de l'éolien. Mais là encore, on ne peut pas se passer de gaz dans l'immédiat, prévient le directeur de la fonderie d'acier FWH Stahlguss, Lars Steinheider.

"Chaque éolienne, 5 mégawatts offshore, compte pour 100 tonnes de pièces moulées, des supports de machine, des moyeux de rotor. Si celles-ci n'étaient plus disponibles, il ne serait plus possible de construire de nouvelles éoliennes".

Parallèlement aux efforts pour réduire sa dépendance à l'énergie russe, le gouvernement allemand a annoncé lundi une réforme de sa loi sur la sécurité énergétique, une loi qui avait été adoptée au moment de la crise du pétrole en 1975.

Garantir la sécurité énergétique

La réforme doit permettre de placer sous tutelle publique des entreprises et infrastructures critiques de l'approvisionnement en énergie, voire de les exproprier si nécessaire. Sans les nommer, cela concerne les représentations en Allemagne des sociétés Gazprom et Rosneft qui possèdent la plupart des sites de stockage et les filières de distribution de l'énergie.

Le plus grand site de stockage de gaz naturel d'Europe, situé à Rehden, est exploité par Astora GmbH, une filiale de Gazprom
Le plus grand site de stockage de gaz naturel d'Europe, situé à Rehden, est exploité par Astora GmbH, une filiale de GazpromImage : Mohssen Assanimoghaddam/dpa/picture alliance

Autre nouveauté : une plateforme numérique pour gérer la consommation de gaz naturel. Les entreprises devront s'enregistrer et indiquer les quantités dont elles ont besoin. Le gouvernement pourrait alors, en temps de crise, privilégier les secteurs essentiels. 

Ces mesures seront mises en œuvre en cas d'aggravation de la crise.

Selon le ministère de l'Economie, la dépendance de l'Allemagne au pétrole russe a déjà baissé, de 35% à 25% fin mars. Berlin prévoit d'être quasiment indépendante d'ici la fin de l'année.

Les pays européens ont d'ores et déjà adopté un arrêt des importations de charbon russe d'ici quatre mois. Mais c'est seulement d'ici la fin 2027 que la Commission européenne pense réussir à sortir complètement de sa dépendance au pétrole et au gaz russes.

+++++++++++++++++++++++

Germanophilie en Côte d'Ivoire

L'association des germanistes de Côte d'Ivoire et son président Kouamé Bernardin (5ème en partant de la gauche)
L'association des germanistes de Côte d'Ivoire et son président Kouamé Bernardin (5ème en partant de la gauche)Image : AGERESCI

En Côte d'Ivoire, la langue allemande a la cote ! C'est le pays d’Afrique subsaharienne qui compte le plus d’apprenants dans cette langue. Pourquoi ? Ecoutez le reportage de notre correspondant Julien Adayé, qui a suivi les premières journées de la langue allemande organisées à Abidjan. Et quoi de plus logique que de commencer par l'hymne national de la République fédérale, chantée par une chorale en allemand !

→ Vous voulez vous aussi apprendre l'allemand ? Rendez-vous dans cette rubrique !

 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast. Ont contribué à ce numéro : Fabian Dittmann (témoignages des industriels) et Julien Adayé (reportage à Abidjan). Vous retrouveztous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.

Passer la section Sur le même thème
Passer la section A propos de cette émission

A propos de cette émission

DW Afrique  Vu dAllemagne Teaser

Vu d’Allemagne

Politique, économie, histoire... Vu d'Allemagne est un podcast hebdomadaire sur l'Allemagne, avec un grand reportage international en seconde partie d'émission.