Frauder, c'est dégager
28 août 2014Ce sont les conservateurs de la CSU qui avaient lancé le débat en début d'année, rappelle Die Welt. Le parti bavarois s'inquiétait d'une augmentation des abus sur les prestations sociales suite à l'ouverture du marché du travail allemand aux ressortissants roumains et bulgares. Leur slogan : « Ceux qui fraudent doivent dégager ». L'adoption de sanctions est donc une petite victoire pour le patron de la CSU, Horst Seehofer, et c'est aussi une bonne chose selon le quotidien, car si les cas d'abus sont plutôt restreints, ils ont une forte portée médiatique.
Il est bon que le gouvernement apporte son soutien aux communes qui manquent de moyens pour favoriser l'intégration des immigrés et réfugiés les plus démunis, salue die tageszeitung. Il est également bon que l'on prévoie pour ces groupes des mesures d'intégration plus ciblées, tout comme il est bon que l'on mette le holà à l'exploitation des immigrés, en matière de salaires et de loyers. Mais la taz aurait préféré que ces mesures soient prises dans un autre contexte que celui du débat sur les fraudes sociales. Certes, rien ne s'oppose à rendre les abus plus difficiles. Mais il n'y a aucune preuve aux fraudes "massives" dénoncées par la CSU, souligne le quotidien.
Fraudes aux allocations sociales ou fraudes à l'asile, les conservateurs bavarois ont tendance à voir des abus partout, critique la Süddeutsche Zeitung. Aujourd'hui, leurs nouveau boucs émissaires sont les travailleurs venus de Roumanie ou de Bulgarie. Et malheureusement, le gouvernement tout entier participe à cette campagne qui sous-entend que les immigrés d'Europe de l'Est ne viennent en Allemagne que pour encaisser des prestations sociales. Les chiffres prouvent pourtant que c'est faux : le pourcentage de Roumains et de Bulgares demandeurs d'allocations sociales est inférieur à celui d'autres étrangers.
L'Allemagne profite globalement de l'immigration des Roumains et des Bulgares, souligne la Neue Osnabrücker Zeitung. Il y a toutefois des difficultés dans certaines villes où sont concentrés des immigrés peu qualifiés et souvent au chômage. Il est donc juste de soutenir ces communes. Mais il n'y a aucune raison de craindre l'immigration en tant que telle.