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Faute de moyens, la RCA reporte les élections municipales

Jean-Fernand Koena
3 septembre 2024

La Centrafrique devait organiser des élections municipales pour la première fois depuis 1988. Elles doivent désormais se tenir l'année prochaine

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Referendum I Central African Republic
Image : Barbara Debout/AFP

Depuis 36 ans, les Centrafricains n’ont connu que les présidents de délégation spéciale qui font office de maire. Cela explique en grande partie pourquoi ils semblent se désintéresser du processus électoral en cours. C’est le cas notamment à Kaga-Bandoro, dans le nord du pays, où les préparatifs mobilisent peu les électeurs.  

Initialement prévu pour le mois d’octobre 2024, le scrutin devrait être repoussé de six mois et la précampagne municipale est donc peu dynamique à Kaga-Bandoro. Seul le Mouvement cœurs unis, le parti au pouvoir, et quelques poignées d’organisations de femmes affiliées à ce parti, semblent mobilisés.  

L’opposition explique qu’elle ne prendra pas part aux élections municipales. Ce qui n’empêche pas que l’autorité locale des élections travaille pour organiser ce scrutin.  

Désiré Fulbert Ondo, président du démembrement local des élections, explique que "les élections sont un processus, bientôt on va aborder les opérations d’enrôlement, après il y aura une opération de révision. Il y a aussi l’opération de distribution des cartes d’électeurs, après quoi vient la phase de vote proprement dit. Mais je pense qu’avant ces élections, il y aura une série de sensibilisation avant qu’on puisse entrer dans le jeu". 

Confiance rompue entre la population et les dirigeants 

Sensibiliser la population, c’est bien la tâche la plus difficile. Mais du côté des organisations de femmes, celles-ci semblent optimistes quant à leur capacité de remporter des communes. 

Ecoutez le reportage à Kaga-Bandoro...

Angélique Ngueremalé est la présidente de l’Organisation locale des femmes centrafricaines. Elle assure qu'"il y a beaucoup de femmes, même à Nana Outta, dans la commune Botto, à Ngevaille, Mbrès, Ndenga, même au centre ici. Les femmes sont prêtes pour aller à ces élections locales. Depuis plus d’un an, nous avons un programme commun, c’est de voter seulement pour des femmes". 

Cet optimiste cache mal le désintéressement de la population, lequel réside dans le manque de confiance dans les dirigeants. A ceci, s’ajoute un nouveau mode de scrutin auquel les électeurs ne sont pas habitués.  

Souvenir d’un électeur de 1988 

Le nouveau code électoral prévoit ainsi un scrutin de liste. Abel Cherrif avait voté pour les élections locales, en 1988. Il était même assesseur ici à Kaga-Bandoro. 

Selon Abel Cherrif, "à l’époque, les gens votaient individuellement, car chaque personne déposait sa candidature en son nom et c’était le taux de suffrage exprimé qui les départageait. A l’époque, c’est Abel Ngaya Yandjia qui était arrivé premier et il est devenu maire de la ville, secondé par Joseph Pourra. Il y a aussi Gibert qui était un conseiller. Mais ça n’a pas duré. Après deux, trois ans comme ça, ils ont commencé par nommer les gens comme président de délégation. Vous savez, les gens peuvent aller à Bangui et négocier pour être président de délégation".  

Seuls 40% des Centrafricains ont confiance en la justice

A ces problèmes s’ajoutent plusieurs obstacles à surmonter. Les financements manquent à l’Autorité nationale des élections pour organiser le scrutin et le corps électoral n’est pas encore convoqué.  

Tous ces éléments ont contraint le gouvernement à renvoyer au mois d’avril 2025 les élections municipales. Reste à savoir si l’ANE sera à même d’organiser, dans la même année, les municipales et la présidentielle.