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"Nous avons un engagement vis-à-vis de la population en RCA"

Jean-Fernand Koena
23 février 2022

Douglas Carpenter, ambassadeur de l'Union européenne en Centrafrique, en interview sur les relations UE/RCA.

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L'Union européenne maintient la suspension de sa formation EUTM à l'armée centrafricaine. Bruxelles avait suspendu en décembre dernier cette mission après s’être rendu compte que des soldats centrafricains formés par l’EUTM avaient ensuite combattu aux côtés des mercenaires russes du groupe Wagner.

Au QG de l'EUTM à Bangui, en septembre 2020
Au QG de l'EUTM à Bangui, en septembre 2020Image : Camille Laffont/AFP/Getty Images

L’ambassadeur de l’Union européenne dans le pays, Douglas Carpenter, clarifie cette position et évoque aussi le dialogue entre les partenaires financiers de la Centrafrique. Il est interrogé par Jean-Fernand Koena, notre correspondant en Centrafrique:

Monsieur l'Ambassadeur Douglas Carpenter bonjour.

Bonjour, merci beaucoup de m'avoir invité.

En décembre, l'Union européenne, à travers l'EUTM, a suspendu sa formation aux Forces de défense et de sécurité en Centrafrique au prétexte que ces éléments soient utilisés par les paramilitaires russes du groupe Wagner qui sont en Centrafrique. Est ce que l'Union européenne maintient ou non cette sanction aujourd'hui?

Je pense que la suspension elle même n'est pas une sanction. C'est une mesure qui reflète un peu une réalité actuelle dans le pays. Evidemment, quand les missions de politique de sécurité et de défense de l'Union européenne ont été approuvées par les États membres, il a toujours été clair dans le mandat des deux missions, y compris l'EUTM, qu'il était nécessaire d'avoir un contexte de respect pour l'Etat de droit.

Alors, malheureusement, l'évaluation de l'Union européenne, c'est qu'il existe des forces mercenaires qui sont actives dans le pays, qui sont sans hiérarchie transparente, qui sont sans mandat transparent et sans redevabilité devant la population.

Dans ce contexte, il nous tenait à coeur d'éviter une complicité avec les acteurs qui sont qui ne rendent pas de comptes et qui sont liés à des exactions. C'était la première raison. Et deuxièmement, évidemment, on investit beaucoup dans la formation des éléments FACA.

Evidemment, du point de vue de la gestion des finances publiques de l'Union européenne, il n'est pas du tout dans notre intérêt que les éléments qui se sont formés dans un contexte d'État de droit, dans un contexte de standards professionnels militaires de l'Union européenne, soient après "contaminés" d'une certaine façon, et soient déployés avec des forces qui sont malheureusement liées avec les exactions et avec la violence.

Est ce que cette mesure peut toucher aussi d'autres secteurs tels que les mines, dans lesquelles les éléments russes font incursion aussi?

On est en train actuellement de travailler avec tous les partenaires ici sur la révision du Code minier dans le pays. Et évidemment, quand cette révision sera accomplie, on espère que tous les acteurs dans le secteur seront obligés de respecter l'encadrement juridique.

Il est très important, je pense, quand on parle du secteur minier, de se rappeler du fait qu'il existe de bonnes pratiques. Pour moi, l'approche la plus viable pour assurer une bonne gouvernance du secteur minier, c'est une approche qui est légale, mais qui en même temps soutenue par des actions de renforcement de capacités des institutions.

Les institutions financières internationales discutent avec le gouvernement sur leur aide budgétaire. Ceci a entraîné le Fonds monétaire international, par exemple, à engager un dialogue avec l'Union européenne et la Banque mondiale au sujet de l'aide budgétaire. Où en sommes-nous aujourd'hui avec ce dialogue?

Le dialogue continue. Il n'y a pas de décision, mais avec l'appui budgétaire, on parle de soutien décaissé directement dans le trésor de l'Etat. Donc on utilise souvent le mot fongibilité. Cela veut dire que ce ne sont pas des sous qui sont dirigés sur un compte spécifique à un bénéficiaire spécifique, ce sont des sous qui sont dépensés à travers le trésor.

Donc, qu'est-ce qu'on cherche avec un appui budgétaire? On cherche des résultats. Ce n'est pas qu'on cherche à ce que des montants spécifiques soient dépensés par des bénéficiaires spécifiques, on recherche des résultats additionnels.

eci étant dit, il existe des risques politiques, des risques opérationnels et ce qu'on appelle les risques fiduciaires aussi. Et c'est afin de réduire ces risques que nous avons ce dialogue qui est actuellement en cours avec le Fonds monétaire international et avec la Banque mondiale et avec l'Union européenne, un dialogue avec le gouvernement pour discuter un peu, comment assurer la bonne gestion financière, la fiabilité de notre soutien.

Et actuellement, je pense qu'on fait des progrès. Il y a toujours du travail à faire, mais en même temps, il est important de souligner évidemment le fait qu'on a un engagement vis-à-vis de la population. Et on apprécie le fait que la mobilisation de ressources externes est extrêmement important pour le gouvernement.

Monsieur l'Ambassadeur Douglas Carpenter, je vous remercie.

Merci beaucoup.