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Etonnement après une offre du chef de la junte au Soudan

5 juillet 2022

Le général Abdel Fattah al-Burhane annonce que le pouvoir militaire serait dissous au profit d'un gouvernement civil. Surpris, des Soudanais maintiennent la pression.

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Abdel-Fattah Burhane lors de son intervention à la télévision d'Etat (Archives - Khartoum, 04.07.2022)
Le général Burhane s'est rendu ce mardi à Nairobi pour "une réunion urgente" des chefs d'Etat de l'IgadImage : SDSTS/EBU

Malgré la vive tension au Soudan, beaucoup ne s'attendaient pas à cette déclaration du général Abdel Fattah al-Burhane. L'homme fort de Khartoum a en effet annoncé ce lundi soir (04.07.2022) que le pouvoir militaire laisserait la place à un gouvernement civil. Une déclaration faite en pleine contestation des autorités militaires et dont la répression a provoqué la mort de plusieurs manifestants ces derniers jours.

Mais les annonces faites par le général al-Burhane pourraient diviser le front révolutionnaire. 

Dissolution du Conseil souverain

Des Soudanais observent un sit-in en face du "Royal Care Hospital" (Archives - Khartoum, 04.07.2022)
Le FLC, principal bloc civil du Soudan a rejeté la proposition du général Abdel Fattah al-BurhaneImage : ASHRAF SHAZLY/AFP

"Après la formation du gouvernement, le Conseil souverain sera dissous", annonce le général Abdel Fattah al-Burhane à la télévision d'Etat. Le chef de la junte annonce également que les militaires ne participeront pas aux pourparlers initiés par les Nations unies.

"Un conseil supérieur des forces armées sera formé pour prendre le commandement suprême des forces régulières et être responsable de la sécurité et des missions de défense. J'appelle les différentes composantes du peuple, notamment la jeunesse, à adhérer à la paix. Chacun a le droit d'exprimer son opinion, et vos sacrifices sont légitimes, et vos espoirs de transition démocratique sont exaucés. Vos forces armées ne s'y opposeront pas", assure encore le chef militaire.

La communauté internationale fait pression pour un dialogue entre les forces révolutionnaires et les militaires. Mais une partie des manifestants refuse tout dialogue avec ces militaires.

>>> Lire aussi : Coup d'Etat au Soudan : l'armée prend tout le pouvoir

Surprise et incertitudes 

Au lendemain de la déclaration du général Abdel Fattah al-Burhane, l'opinion apparaît divisée, selon Bakhit Adam, journaliste à la radio nationale soudanaise.

"La scène politique et toutes les forces politiques, on peut dire, se divisent aujourd'hui en deux parties. Il y a une partie qui soutient cette décision de al-Burhane de se retirer des négociations. Mais d'autres refusent et disent que al-Burhane par cette décision, essaie de laisser le problème à sa place et qu'il est le pilier important pour régler le problème politique et qu'il ne faut pas qu'il recule en ce moment-là", observe le journaliste soudanais qui dit attendre la fin de la période de la Tabaski pour voir les réactions aux annonces du chef de la junte.

Jacky Mamou : "On a du mal à le croire"

La pause de la Tabaski s'achève officiellement le 13 juillet. Il faudra attendre ce moment-là pour voir comment réagissent les manifestants.

>>> Lire aussi : Darfour : le procès d'un chef de milice s'ouvre devant la CPI

Mais déjà, les Forces pour la liberté et le changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch mené par le chef de l'armée le 25 octobre 2021, ont appelé à "poursuivre la mobilisation" contre le pouvoir militaire au sixième jour de sit-in anti-putsch dans la capitale Khartoum et ses banlieues. 

Incrédulité 

Pour Jacky Mamou, spécialiste du Soudan et président du collectif "Urgence Darfour", les propos du chef de la junte indiquent que les militaires essaient de gagner du temps sur les manifestants qui ont perdu toute confiance.

"L'ouverture qu'il fait est surprenante et on a du mal à le croire et on voudrait bien savoir quelle garantie il peut donner pour que le processus dont il parle puisse aboutir à un gouvernement civil et à la dissolution du Conseil national souverain qu'il dirige", estime cet acteur humanitaire dans une interview avec la Deutsche Welle.

Dans la foulée de l'intervention télévisée du général Abdel Fattah al-Burhane, des manifestants visiblement peu convaincus, sont sortis à Khartoum pour monter des barricades.

Depuis vendredi (01.07.2022), la contestation se concentre à Khartoum, dans sa banlieue nord-ouest Omdourman et dans sa banlieue nord-est Khartoum-Nord. La répression des manifestations aurait fait 114 morts depuis le coup de force des militaires en octobre 2021.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum