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Et les droits de l'Homme dans tout ça ?

Sandrine Blanchard9 décembre 2005

Avec l’affaire des vols secrets de la CIA et des pratiques controversées utilisées lors d’interrogatoires menés par les états de droit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les débats sur la torture ont été sur le tapis. Le 10 décembre, c’est la Journée internationale des droits de l’Homme. Une occasion saisie par la section allemande d’Amnesty International pour rappeler les valeurs exprimées dans la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, mais aussi pour réclamer des détails sur le soutien tacite de la CIA par le gouvernement allemand.

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Prisonniers de la base américaine de Guantanamo
Prisonniers de la base américaine de GuantanamoImage : AP

Torture : « nom féminin. Souffrances physiques infligées à quelqu’un pour lui faire avouer ce qu’il refuse de révéler », nous rappelle la définition du dictionnaire. Une pratique strictement interdite par la déclaration universelle des droits de l’Homme, signée il y a 57 ans jour pour jour, le 10 décembre 1948.

Pourtant, la torture occupe une place de choix parmi les préoccupations d’Amnesty International. Les méthodes employées notamment par la CIA lors des interrogatoires de terroristes présumés s’en rapprocheraient en effet dangereusement. Des pratiques formellement interdites par les conventions internationales, sur le territoire national des pays signataires ou en terre étrangère, lutte contre le terrorisme ou pas.

Barbara Lochbihler, présidente de la section allemande d’Amnesty International, demande également des explications au gouvernement allemand. Selon des informations publiées par la presse, Berlin aurait, entre autre, été au courant de l’arrestation, par la CIA, de deux ressortissants allemands : Khaled Al-Masri, d’origine libanaise, et Muhammed Sammar, d’origine syrienne. Tous deux ont été soumis à des interrogatoires musclés et retenus prisonniers dans des prisons secrètes de l’Agence américaine à l’étranger.

« Le Ministère allemand des Affaires étrangères a prétendu jusqu’en juin que l’ambassade d’Allemagne n’était pas parvenue à avoir accès à cette prison de Damas. Et maintenant, le magazine Der Spiegel nous apprendqu’en 2002, des agents de renseignement allemands et de la Brigade anti-crimimelle allemande se sont rendus dans la prison et ont interrogé Monsieur Sammar durant trois jours. Nous nous demandons ce qu’on fait ces agents en rentrant en Allemagne. »

Outre son mutisme, Amnesty International reproche à Berlin de n’être pas trop regardant sur le respect des droits de l’Homme chez des pays partenaires comme la Russie ou la Chine. Pour l’Allemagne, les relations économiques passent avant tout, estime Barbara Lochbihler. Par ailleurs, elle rappelle la nécessité pour l’Allemagne d’appuyer une réforme des Nations Unies. En vue d’une reconnaissance du Conseil des droits de l’Homme, une institution qu’Amnesty International espère voir accéder au même rang que le Conseil économique ou social, et ainsi devenir le troisième pilier des Nations Unies.