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En RDC, inciter les jeunes à quitter les groupes armés

Pascal Mapenzi
8 mars 2024

Ils sont sensibilisés par une association de femmes avec la participation des chefs de groupes armés. Mais leur réinsertion n'est pas simple.

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Le recrutement d'enfants-soldats dans des groupes et forces armés est identifié comme un problème important en République démocratique du Congo (RDC)
Des enfants soldats patrouillent dans les rues de Bunia au Congo (photo d'archive du 19 juin 2003)Image : picture-alliance/dpa

Rebecca Katungu fait partie de la première vague de 150 combattants qui ont accepté de déposer les armes. Elle a 15 ans quand elle est enrôlée dans un groupe armé à Beni. 

Démobilisée depuis 12 mois, Rebecca a eu de la peine à trouver un emploi. Elle vient d’être sélectionnée, aux côtés d’autres jeunes ex-combattants, pour un travail de traçage d’un axe routier dans son village. 

Un combattant de 10 ans membre du groupe Union des Patriotes Congolais (UPC) lors d'un entraînement au tir le 14 juin 2003 à la périphérie de Bunia
Un combattant de 10 ans membre du groupe Union des Patriotes Congolais (UPC) lors d'un entraînement au tir le 14 juin 2003 à la périphérie de Bunia Image : picture alliance/dpa

Mais les travaux ne dureront que 50 jours, regrette Rebecca qui a plutôt besoin d’un emploi durable.

"Ce travail va m’aider un tant soit peu à gagner quelque chose. Depuis qu’on m’a remis dans ma famille, je souffre beaucoup. En nous sortant de la brousse, ils doivent tout mettre en place, comme ça on n’est plus tenté de reprendre les armes. J’ai eu deux enfants en brousse, j’ai maintenant du mal à les nourrir. Je me suis rendue, mais alors j’ai besoin d’un emploi", raconte-t-elle.

Retour à la vie normale

Après avoir parlé avec des membres de l’Association des femmes engagées pour la paix en Afrique, d’autres jeunes combattants ont accepté de revenir à une vie normale. 

C’est le cas de Faustin Kambale, responsable d’un groupe armé positionné le long du parc des Virunga, dans l’est de la RDC. Ce groupe compte un effectif d’au moins 385 jeunes qui seraient prêts à la démobilisation, mais Faustin veut d’abord connaître les conditions de leur réinsertion. "J’ai déjà rendu une dizaine de mes éléments, assure-t-il. mais leur réinsertion ne motive pas les autres à se rendre. On nous a sensibilisés, nous sommes d’accord mais de nombreux jeunes hésitent encore. L’Etat doit nous créer de l’emploi afin de garantir l’avenir des ex-combattants".

Difficile démobilisation

Le chemin vers la démobilisation reste donc ardu. Edwige Mwira coordonne les actions de sensibilisation que les femmes engagées pour la paix en Afrique mènent auprès des groupes armés à Beni. 

Les explications de Pascal Muhindo Mapenzi

En six mois, son association a pu récupérer 150 jeunes. Mais malgré les difficultés, Edwige estime que l’essentiel c’est d’arriver à la paix et à la cohésion sociale.

"On veut vraiment que nos enfants regagnent la maison et qu’il y ait une cohésion sociale. Il y a un processus de réinsertion dans la communauté. La prise en charge est en cours. Les femmes veulent la paix. On veut vivre ensemble en paix".

Selon les statistiques du programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion, au moins 42 groupes armés locaux sont actifs à Beni, dans l’est de la RDC. 

À ceux-ci s'ajoutent les Forces démocratiques alliées (en anglais Allied Democratic Forces, ADF ou ADF-Nalu) une rébellion d’origine ougandaise et qui reste, de loin, le groupe le plus meurtrier dans la région.