Elections législatives au Kosovo
12 décembre 2010Environ 1,6 million d'électeurs étaient appelés aux urnes pour attribuer les 120 sièges du Parlement. Le scrutin a été anticipé en raison de la crise politique que traverse le Kosovo depuis la fin septembre, une crise qui a entraîné la chute du gouvernement de coalition. Le Premier ministre sortant, Hashim Thaçi, et son principal rival Isa Mustafa, maire de Pristina, ont voté dans la matinée.
Les deux candidats se sont déclaré confiants quant à l'issue du vote, malgré le coude à coude annoncé par les sondages. "Le Kosovo vote aujourd'hui pour un avenir européen, pour la libéralisation des visas, pour un Kosovo faisant partie de l'OTAN, pour l'intégration à l'Union européenne et à l'Onu", a déclaré Hashim Thaçi, qui domine la vie politique du pays depuis son indépendance autoproclamée en février 2008. Isa Mustafa, qui dirige depuis peu la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), a pour sa part estimé que tout le monde serait "satisfait" des résultats.
Selon les sondages, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) de Hashim Thaçi est crédité de 30% des intentions de vote, contre 28% pour la LDK. Le taux de participation pourrait être un élément clé de ce scrutin. 1.265 candidats sont proposés sur 29 listes, dont sept albanaises et huit serbes. Vingt sièges du Parlement sont réservés aux minorités, dont dix aux 120.000 Serbes qui vivent dans différentes enclaves du Kosovo.
Crise économique et corruption
Les élections interviennent alors que la jeune république affronte d'importantes difficultés économiques. Selon la Banque mondiale, le chômage touche 48% de la population active et 45% des Kosovars vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont 15% dans une situation extrême. D'après des experts, ces difficultés ajoutées à une corruption galopante devraient se refléter dans les isoloirs, au détriment de Hashim Thaçi. Deux nouvelles formations, qui ont basé leur campagne sur des changements résolus, devraient faire leur entrée au Parlement : le mouvement Autodétermination d'Albin Kurti, crédité de 16% des intentions de vote. Cette formation participe pour la première fois à des élections. Dans le passé, elle s'était fait connaître par des opérations coup de poing contre la présence étrangère au Kosovo. Si le scrutin confirme les sondages, Autodétermination deviendrait la troisième force politique du pays. Fryma e Re (Air Frais), créé il y a quelques mois, pourrait également rejoindre le Parlement.
Belgrade appelle les Serbes au boycott
Concernant le vote des Serbes, les experts s'attendent à un boycott massif dans l'enclave du Nord où ils sont majoritaires. Le gouvernement de Belgrade, qui continue de revendiquer le Kosovo comme une de ses provinces, a en effet appelé à boycotter le scrutin. Et samedi soir, des tirs d'intimidation ont été enregistrés dans le secteur, selon la police kosovare. L'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé le futur gouvernement kosovar à entamer au plus vite des négociations directes avec la Serbie.
Auteur : Anne Le Touzé (avec AFP, DPA)
Edition : Mulay Abd'el Aziz