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Les coulisses du putsch manqué de 2015 au Burkina

La rédaction francophone
27 février 2018

Alors que s'ouvre à Ouagadougou le procès de Djibrill Bassolé, Gilbert Diendéré et 82 autres personnes accusées du putsch manqué de 2015, de nouvelles écoutes téléphoniques révèlent les échanges entre les deux généraux.

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Burkina Faso  Amphiteater der Universität von Ouagadougou
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

"La fin c'est l'humiliation et la prison'"(Djibrill Bassolé)

Si les enregistrements impliquant Guillaume Soro ne sont pas nouveaux, en revanche la conversation entre les généraux Djibril Bassolé et Gilbert Diendéré n'était pas connue et elle révèle les préoccupations des deux hommes face aux décisions prises par le pouvoir de transition.

Quant à l'appel entre Djibrill Bassolé et Guillaume Soro, la version fuitée est plus longue que celle connue jusqu'alors.

 

Djibrill Bassolé : "On va y arriver. J’ai bien travaillé avec l’équipe rapprochée ce matin. Ils ont même demandé quelques pécules pour la base justement. Ils évoquent le fait que la CEDEAO les a un peu…et pour cette raison précisément ils ne veulent pas coopérer."

Guillaume Soro : "Il faut leur dire qu’il y avait l’ECOMOG et on a pris Samuel DOE ; et on l’a découpé."

Djibrill Bassolé : "Oui, oui, tout à fait…"

Un deuxième fichier audio de cette conversation téléphonique atteste que pendant le putsch manqué de septembre 2015, les généraux Bassolé et Diendéré était de connivence.

Humiliation des généraux

On y entend le soutien manifeste de l’ex-chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé, à Gilbert Diendéré, l’un des leaders du régiment de sécurité présidentielle (RSP) aujourd’hui dissout.

Djibrill Bassolé : "Oui Gilbert ! Moi je pense que toi tu dois encourager le noyau dur. Ils t’attendent. Il y a en a qui disent qu’ils veulent quand même un signal fort. Donc ils t’attendent. Les choses sont encore entre tes mains."

Les Burkinabè se sont vigoureusement opposés à ce coup d’Etat perpétré peu de temps avant le lancement de la campagne présidentielle. Les deux généraux  comprennent alors qu’à l’usure, ils seront traqués, voire humiliés.

Djibrill Bassolé : "Les gars sont en train de dissoudre tout (rires...) C’est la catastrophe… Moi je pense que c’est bon. Ils n’ont qu’à… s’ils peuvent même faire la fête. Parce que la fin de ça, avec ce que moi je vois se développer dans les réseaux sociaux, c’est l’humiliation seulement et la prison."

Parmi les fichiers parvenus à notre rédaction, il apparait que le général Diendéré reste très peu loquace dans les différentes conversations. Ces écoutes restent dominées par les propos de Djibrill Bassolé qui tantôt encourage, tantôt oriente le général Diendéré.

Le procès de 84 accusés du putsch qui s’ouvre ce mardi à Ouagadougou viendra confirmer ou infirmer le rôle supposé des généraux Djibrill Bassolé et de Gilbert Diendéré  dans ce coup d’Etat qui continue de faire beaucoup parler à Ouagadougou.

Les accusés risquent tous de "lourdes peines" au terme de ce procès censé durer plusieurs mois.

Le 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré.

Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.

Le général Diendéré, qui avait pris la tête du coup d'Etat, et les autres personnes poursuivies sont accusés d'attentat à la sûreté de l'État, meurtres, coups et blessures volontaires.

Le général Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Compaoré, est poursuivi pour "trahison" sur la base de l'enregistrement de la conversation téléphonique qu'il aurait eue avec Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015.