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Duel télévisé entre Schröder et Merkel

Aude Gensbittel5 septembre 2005

En Allemagne, plus de 20 millions de téléspectateurs ont suivi en direct hier soir le duel télévisé qui opposait le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder à la chef de l’opposition conservatrice, Angela Merkel. A deux semaines des élections législatives anticipées du 18 septembre, les deux candidats ont débattu de la situation économique et sociale du pays. Face à un chancelier comme d’habitude très à l’aise face aux médias, la présidente de la CDU s’est montrée très combative et en a étonné plus d’un.

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Image : AP

Sans grande surprise, ce sont les questions économiques qui ont dominé lors de cet événement médiatique très attendu. Gerhard Schröder a défendu les réformes du marché social engagées par son gouvernement. Des réformes qui selon lui commencent à porter leurs fruits, et qui doivent à tout prix être poursuivies. Le chancelier a donc appelé les électeurs à lui renouveler leur confiance. Une confiance qui lui fait pourtant défaut auprès des militants du parti social-démocrate, selon Angela Merkel. La candidate de l’opposition a critiqué le bilan de la coalition rouge-verte, notamment en ce qui concerne l’emploi : avec 5 millions de chômeurs, on ne saurait être satisfait de la situation du pays a-t-elle estimé, avant de s’engager à prendre des mesures pour relancer la croissance économique du pays.

Des mesures que Gerhard Schröder a décrites comme injustes. Il a notamment fustigé le projet fiscal du conseiller économique Paul Kirchof, futur ministre des finances, en cas de victoire des conservateurs.

« Qu’est-ce qui va se passer ? Chacun, qu’il s’agisse d’un millionnaire ou d’une infirmière, doit verser aux impôts 25% de son salaire. Et cette réforme doit être financée avec la suppression des privilèges fiscaux pour le travail de nuit, pour les trois 8, pour le travail les jours fériés. Ce sont donc ceux qui travaillent dur pour notre bien à tous qui doivent payer. Ce sont les infirmières, les policiers, les pompiers. On ne peut pas sérieusement appeler cela une vision pour l’avenir. »

Après les thèmes économiques et sociaux, le débat s’est finalement orienté vers la politique extérieure, pour aborder un point sur lequel les deux camps sont radicalement opposés : la Turquie. Alors que Gerhard Schröder s’est toujours engagé pour une adhésion d’Ankara à l’Union Européenne, Angela Merkel, elle plaide pour un partenariat privilégié :

« Cela serait tout à fait irresponsable de donner aujourd’hui à la Turquie l’espoir d’une pleine adhésion à l’Union Européenne, pour plus tard, par exemple si les populations de plusieurs pays européens s’y opposent par référendum, ne pas pouvoir tenir cet engagement. Et comme je crois que nous devons penser à nos responsabilités pour les 10 à 15 ans à venir et non pas au jour le jour, je vois ici un problème. »

Résultat de cet affrontement télévisé: une majorité des téléspectateurs a trouvé le chancelier Schröder plus convaincant que son adversaire, selon un sondage de la chaîne publique ARD, diffusé juste après le débat. Mais pour beaucoup, Angela Merkel a surpris par son assurance et son répondant. Chacun aura donc marqué des points lors de ce duel. Un duel qui n’aura pourtant pas inversé les tendances pour les élections : l’opposition conservatrice est en effet toujours donnée gagnante par les sondages.