Dilemme ivoirien, dilemme afghan
27 décembre 2010
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, on peut juger de la profondeur de la crise qui touche la Côte d’Ivoire au désintérêt que la France manifeste pour son ancienne colonie. Laurent Gbagbo a beau voir un complot français derrière les menaces des Etats de la Cédéao de le déloger par la force du palais présidentiel, en réalité le président Sarkozy n’a fait qu’exhiber le tigre de papier bruxellois, mais pas les crocs du commandant en chef.
Les Etats de la Cédéao vont-ils régler par eux-mêmes leur crise de voisinage ? Ce serait souhaitable, à la fois pour le continent et pour les Nations Unies, qui sont chroniquement surchargées. Mais, selon la FAZ, leurs menaces font plus l’effet de paroles de petites frappes que de véritables adultes.
« Hésitation irresponsable » titre die tageszeitung. La situation en Côte d'Ivoire est en train d'échapper à tout contrôle. Pour le journal, c'est la conséquence de l'attitude de la communauté internationale, qui n'a pas pris les mesures qui s'imposaient au moment du putsch de Laurent Gbagbo. Dès le 2 décembre, la victoire de Ouattara était claire, et pourtant il a fallu attendre Noël pour que la Cédéao menace Gbagbo d'une intervention militaire. Il aurait été bien mieux d'attaquer vite et avec détermination pour faire respecter cette démocratie que les Ivoiriens veulent et qu'un dictateur entrave. Des centaines de personnes ont déjà payé de leur vie cette hésitation irresponsable.
La Süddeutsche Zeitung choisit d'évoquer l'Afghanistan. Et le quotidien explique : si cela dépendait de la majorité des Allemands, la Bundeswehr se retirerait du pays, et ce plutôt aujourd'hui que demain. La mort d'un Allemand, précisément le jour de Noël soulève à nouveau la question du sens de cette intervention dans la région de l'Hindou Kouch. Cette fois, il ne s'agit pas d'un soldat, mais d'un coopérant, probablement victime des insurgés.
Son sort montre bien le dilemme auquel sont confrontés les Occidentaux en Afghanistan : sans sécurité, il n'y aura pas de développement, et sans développement, pas de sécurité. Et à l'heure où l'on discute d'un retrait des troupes, la Süddeutsche Zeitung estime que ce n'est pas en louchant sur les sondages que les politiques sortiront de ce dilemme afghan.
Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Marie-Ange Pioerron