Des millions d'Africains dépendent des mines illégales
19 novembre 2024En Afrique du Sud, cela fait des semaines maintenant que des centaines de mineurs illégaux, qui occupent la mine d'or abandonnée de Stilfontein, à 150 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg, sont sommés de quitter les lieux. Pour les forcer à sortir, la police leur a bloqué l'accès aux vivres, ce qui a fait craindre que les mineurs puissent mourir de faim.
Un tribunal a ordonné à la police de mettre fin à toutes les restrictions autour de la mine et la Commission sud-africaine des droits de l'Homme a annoncé qu'elle enquêtait sur certains décès. Hier, la police a assuré que de la nourriture, de l'eau et des boissons énergisantes ont été envoyées aux mineurs pour que ces derniers aient assez de force pour sortir.
Une situation qu'on retrouve ailleurs sur le continent
Mali, Guinée, Burkina Faso, République démocratique du Congo ou encore Afrique du Sud… Dans de nombreux pays africains, l'orpaillage illégal est une problématique dont les gouvernements peinent à se débarrasser.
Riverains, anciens mineurs, jeunes au chômage, migrants en quête de ressources financières, enfants et même parfois des femmes… Le profil des mineurs illégaux est très varié et de nombreuses personnes vivent directement ou indirectement de cette activité.
Au Ghana, l'exploitation artisanale illégale ferait ainsi vivre environ 4,5 millions de personnes.
Si certains mènent cette activité pour devenir riche, pour beaucoup d'autres, il s'agit d'une question de survie. Des milliers de travailleurs miniers peuvent ainsi se retrouver d'un jour à l'autre au chômage, à la suite d'un licenciement ou d'une fermeture de mine.
Face à un manque d'emplois dans leur secteur d'activité, beaucoup de ces mineurs n'hésitent pas à rejoindre des exploitations illégales et à occuper des mines abandonnées.
Souvent, ce sont en effet des mines abandonnées que les mineurs illégaux exploitent, souvent en risquant leur vie car les accidents graves sont nombreux. Ils utilisent en effet des moyens rudimentaires pour creuser des galeries et sont souvent victimes d'effondrements, du fait de l'instabilité des sols au Sahel par exemple, pendant la saison des pluies.
Au Burkina Faso, les autorités ont même interdit l'exploitation minière artisanale pendant cette saison ou les accidents sont très courants.
Répression, encadrement ou réinsertion
Face à l'ampleur de l'orpaillage illégal, certains Etats ont opté pour la répression. C'est le cas par exemple de ce qu'on observe en Afrique du Sud, en ce moment, avec la mine de Stilfontein. Surnommés zama zamas, "ceux qui essaient" en zoulou, ces mineurs illégaux ont une réputation sulfureuse auprès d'une partie de la population qui associe à leur activité une hausse de la criminalité.
Dans d'autres pays, on cherche plutôt à encadrer le secteur de l'orpaillage illégal, en incitant les mineurs clandestins à s'enregistrer. En 2021, le Ghana a ainsi procédé au lancement d'un Programme national d'emplois et de moyens de subsistance alternatifs, présenté comme une initiative de réinsertion des orpailleurs illégaux.
Selon certains experts, une autre solution au problème consisterait à forcer les grandes compagnies à mieux gérer la fermeture des mines.