Des dépenses militaires plus transparentes en Afrique
19 novembre 2018D'après le rapport de l'Institut international de recherche sur la paix basé à Stockholm (SIPRI), les dépenses militaires en Afrique subsaharienne ont connu une progression en 2017 dans des pays comme le Soudan, l'Afrique du Sud et l'Angola.
Ceux-ci consacrent 1,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l'achat d'armements. C'est plus que l'Allemagne qui y a consacré 1,2% en 2017, selon la Banque mondiale.
Mais un pays se distingue particulièrement dans ce groupe : le Mali, confronté à des revendications identitaires et à la menace terroriste.
D'après le SIPRI, Bamako a dépensé, entre 2014 et 2017, 275 millions de dollars. Un tel engagement est néanmoins justifié, selon Pathé Mbodj, spécialiste des questions sécuritaires et basé au Sénégal.
"Le Mali connaît cette invasion justement à cause d'un manque de défenses militaires ce qui a amené le Général Sanogo (meneur du coup d'Etat de 2013, ndlr) à se révolter. Aujourd'hui, le tout sécuritaire l'emporte", explique Pathé Mbodj.
Les pays producteurs de pétrole achètent moins
En revanche, dans certains pays qui dépendent de l'exportation du pétrole, à l'instar du Nigeria, les dépenses militaires sont à la baisse.
Ces pays producteurs de pétrole ont dépensé 3,2 milliards de dollars en moins au cours des trois dernières années. La chute des cours du baril au niveau mondial ayant pesé sur le budget et les recettes disponibles.
Si le SIPRI a pu avoir accès à ces chiffres, c'est aussi parce que les États africains sont devenus globalement plus transparents sur leurs dépenses militaires.
"Nous nous sommes rendu compte que 45 États au sud du Sahara ont volontairement publié les données concernant leurs dépenses militaires, soit par le biais de leur ministère des Finances, soit via le site internet de structures de recherche", se félicite Nan Tian, un des auteurs du rapport.
"Mais d'autres pays sont réticents à communiquer leurs dépenses. Il s'agit de régimes autocratiques ou oligarchiques. Ils utilisent la puissance militaire pour s'imposer à la majorité de la population qui conteste leur légitimité. Ce sont ces régimes qui essaient de tenir leurs dépenses militaires au secret."
Enfin, l'institut de Stockholm souligne également que les coûts humains et financiers des conflits en Afrique subsaharienne devraient continuer de croître. Ce qui pourrait détourner les investisseurs potentiels du continent africain.