De plus en plus de soldats ougandais déployés en RDC
17 février 2025A Bunia, dans la province de l'Ituri dans l'est de la RDC, on observe une présence renforcée des troupes de l'armée ougandaise (UPDF) sur le sol congolais qui inquiète la population.
Quatre chars militaires, deux blindés et des soldats ougandais ont été aperçus dimanche (16.02) au niveau de Burasi, non loin de Bunia. Or les autorités congolaises n'ont pas été prévenues de leur arrivée sur le territoire congolais.
Après les tweets controversés du chef d'état-major de l'armée ougandaise, qui se trouve être le fils du président Yoweri Museveni, des rumeurs se propagent au sein de la population de l'Ituri au sujet d'une occupation de leur région, sous couvert d'opérations militaires contre les rebelles de la Codeco.
C'est par la rivière Simuliku que des troupes de l'armée ougandaise ont franchi la frontière congolaise, dimanche après-midi.
Cela a semé la panique au sein de la population civile, d'autant plus que le chef d'état-major de l'armée ougandaise UPDF a annoncé avoir déployé ses troupes dans cette partie de la RDC pour protéger les peuples Hema contre les massacres des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo, la Codeco, une milice active dans la région de l'Ituri.
Les FARDC justifient la présence de l'armée congolaise
De son côté, l'armée congolaise justifie la présence de ces éléments ougandais par des opérations conjointes avec les FARDC contre les groupes armés.
Le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l'armée congolaise en Ituri, appelle "la population de rester calme, il y a une équipe d'avance de UPDF dans le cadre de mutualisation de forces pour que nous puissions mener des opérations d'une manière ordonnée. Il ne s'agit pas d'une attaque".
Le chef d'état-major ougandais, qui n'est autre que le fils du président Museveni, avait affirmé vouloir élargir ses opérations dans le territoire de Djugu contre les Codeco. Des publications qui faisaient suite au massacre d'une cinquantaine de civils dans un camp de déplacés à Djaiba.
Le gouvernement congolais a dépêché ce week-end deux membres du gouvernement pour constater la situation et apporter un soutien aux populations victimes.
La délégation gouvernementale s'est entretenue avec des représentants des communautés de l'Ituri et les autorités militaires sur des solutions à ce conflit armé qui secoue la province depuis plus de sept ans.
Le représentant de la communauté lendu, Claude Mateso, explique que "la communauté lendu a recommandé bien évidemment le dialogue. Un dialogue franc entre les fils ituriens pour pouvoir résoudre, entre frères, le problème qui ronge notre province".
Des officiels de Kinshasa sur place
Jean-Claude Ngandjole, de la communauté hema, en appelle quant à lui plutôt à la responsabilité de l'État pour faire cesser le massacre de son peuple par les miliciens Codeco. Por lui "le gouvernement central doit prendre ses responsabilités et nous, nous avons accepté de l'accompagner justement dans ces tâches à fin que la paix revienne. L'État ne peut pas dénoncer, l'État doit agir".
En Ituri, la population exprimait ces dernières semaines un sentiment d'abandon de la part des autorités congolaises. Bruno Akilisende, un notable de Djugu, appelait ainsi la semaine dernière l'État Congolais à traiter avec sérieux la sécurité de l'Ituri.
Il estime qu'en Ituri "hormis les miliciens locaux qui tuent à Djugu, nous avons aussi le groupe étranger qu'on appelle ADF. [Les responsables politiques] doivent tourner le regard dans la province de l'Ituri, nous avons des Congolais qui sont massacrés. Seul l'État congolais peut nous sécuriser".
Louis Watum, l'un des ministres envoyés en Ituri, réaffirme la détermination de l'État congolais à stopper les massacres dans cette province sous état de siège.
Il assure que "le pays est entre les mains de personnes responsables. Nous sommes en train de prendre des mesures qu'il faut pour les sécuriser et également apporter des solutions durables à ces tueries qui sont devenues comme une sorte de système en répétition".
Depuis le passage des autorités nationales, de nouvelles attaques de civils et de positions de l'armée congolaise par des miliciens de la Codeco ont été signalées à Djugu.