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De l’Europe à la ferme d'Amouzoukopé

Noël Tadégnon
22 septembre 2021

Le magazine 77%, nous les jeunes d'Afrique, est allé à la découverte d’une jeune togolaise pour qui "la terre n’a jamais trompé." Enam David a quitté le luxe de l’Occident pour la vie à la ferme.

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Enam a décidé de revenir au Togo pour se lancer dans l’agriculture et l’élevage dans son pays.
Enam a décidé de revenir au Togo pour se lancer dans l’agriculture et l’élevage dans son pays. Image : Noel Kokou Tadegnon/DW

Enam David est une jeune togolaise, passionnée d’agriculture et d’élevage. En plus de l’agriculture et la pisciculture, elle élève des bœufs, des porcs, des poulets fermiers,  des pintades  locales  et des chapons.

"Oui, on fait de l’élevage. Ici, dans les deux salles, on a 1500 poules, pour des œufs. On recevra aussi des poussins dans l’autre salle, à peu près 1000."

Le ferme dispose de 4 bâtiments avec une capacité totale de 7000 têtes. Enam explique l’avantage de jumeler l’élevage à l’agriculture.

"Quand on fait l’élevage des poules, par exemple, ça permet que tout le maïs qu’on a cultivé dans notre palmerais, pour entretenir la palmerais, permet de nourrir nos poules. Ensuite, les fientes qu’on récupère chez les poules, c’est un exemple parmi tant d’autres, on remet directement sous les plantes. Tout se transforme, rien ne se perd."

Enam a vécu en Europe mais a décidé de tout laisser pour  revenir au Togo pour se lancer dans l’agriculture et l’élevage.

"Il faut aimer son pays, il faut aimer son continent. Ensuite on sait que l’avenir se trouve en Afrique. Quand on a un peu de moyens, un peu de possibilité, quand on a un capital, il est important de rester en Afrique participer au développement, à l’essor de notre continent. C’est ce qui me pousse à rester, il n’y a pas d’hiver, il fait beau tout le temps."

Elle vit et travaille dans sa ferme située à Amouzoukopé, à 80 km au nord-ouest de Lomé. 

"Je me suis prise à mon propre jeu et au fur et à mesure chaque année, je me suis lancé un défi après l’autre et aujourd’hui, on ne s’arrête plus. Qui vous dit qu’en Afrique, il n’y a pas de confort ? Qui vous dit qu’à la ferme, il n’y pas de confort ? Quand vous vous levez dans un appartement en Europe, vous rencontrez combien de voisines dans votre cage d’escalier ? Combien vous disent bonjour?" 

En plus de l’agriculture et la pisciculture, Enam élève aussi des poulets fermiers et des pintades locales.
En plus de l’agriculture et la pisciculture, Enam élève aussi des poulets fermiers et des pintades locales.Image : Noel Kokou Tadegnon/DW

Elle vit entourée par ses collaborateurs dans une ambiance chaleureuse et se dit fière d’être une fermière. 

"Quand on me demande ce que je fais et que je dis que je suis fermière, les gens sont souvent étonnés. Les gens ont des clichés sur le métier de fermier. Aujourd’hui, être fermier ne veut pas dire renoncer à son plaisir, renoncer à son confort. Quand on aime, on le fait sans faire d’effort. C’est un travail comme un autre, c’est un business comme un autre. Il n’y vraiment rien de dégradant à travailler la terre."  

Entre deux courses, Enam avoue que l’élevage et l’agriculture présentent, quand même, des défis.

"Le premier souci, c’est les intempéries. Deuxième souci, c’est les finances, évidemment. Troisième souci, je dirai, organiser la main d’œuvre. La main d’œuvre existe, la bonne main d’œuvre existe mais elle est difficile à trouver. Il faut du temps, il faut beaucoup de compromis pour finalement arriver à quelque chose de bien."

Pour Enam, sa situation de jeune femme ne constitue pas tout un frein à son élan.
"On a la chance d’être dans un pays comme le Togo où les femmes sont très entreprenantes et elles savent s’imposer. Il y a toujours des conflits. Ça ne s’arrête pas du jour au lendemain. Il faut aller avec beaucoup de tacts et de diplomatie pour amadouer les gens pour leur faire comprendre où vous voulez en venir."

Ecoutez le reportage de Noël Tadegnon

Autodidacte, Enam s’est lancée dans la production des chapons. Le chapon est un coq d’une espèce donnée qui a été castré afin d'atteindre une plus grande tendreté et une plus grande masse. Elle fait partie des rares éleveurs à proposer pour le moment, ce type de coq au Togo.

"En étant fermière, je m’intéresse aux bouquins qui parle de l’agriculture. Je vais sur le net comme tout le monde, je me renseigne, je discute avec des techniciens, des gens du milieu pour m’informer. Tout n’est pas arriver là très facilement. Il y a eu beaucoup d’erreurs, et on apprend de ses erreurs et je suis sûre que c’est la meilleure formation qu’on a, quand on fait soi-même les expériences." 

Enam passe ses journées entre lecture et le tour de sa ferme où elle s’active à surveiller poules, pintades, porcs, poissons et champs de maïs, d’igname et palmeraie.