Début de l'enquête parlementaire sur le raid de Kunduz
16 décembre 2009Alors qu'il était le chouchou du nouveau gouvernement d'Angela Merkel, le tout nouveau ministre de la Défense traverse des moments difficiles. Il est vivement critiqué à cause du raid aérien qui a fait plus de 100 morts dont une trentaine de civils à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan. L'opposition appelle à démissionner, estimant qu'il a menti sur les causes du bombardement de l'Otan, ordonné par un commandant allemand. Des parlementaires ont donc décidé d'ouvrir une enquête. Karl-Theodor zu Guttenberg, quant à lui, exclut de démissionner et entend connaître la vérité:
« C'est très important pour moi que toutes les informations sur cette nuit à Kunduz soient réunies et mises à la disposition de la commission d'enquête. C'est maintenant à elle de déterminer ce qui s'est réellement passé. Je n'étais pas responsable à l'époque et je partage l'intérêt de tous de déterminer qui était impliqué et de quelle façon et comment les informations ont circulé. »
Une commission d'enquête est une arme très puissante du Parlement pour contrôler le gouvernement. L'opposition posera beaucoup de questions pour tenter de déterminer, si oui ou non il y a bien eu des éventuelles erreurs dans la conduite des opérations et selon quelles informations, il y a eu un revirement dans l'appréciation du ministre de la défense au sujet de ce raid: Karl-Theodor zu Guttenberg avait dans un premier temps approuvé cette action puis l'avait jugée militairement inappropriée.
Il s'agira également de savoir si les règles d'engagement de la Bundeswehr ont été respectées. Le ministère de la Défense a laissé entendre que la frappe visait non pas à détruire les deux camions citernes mais bel et bien à éliminer un groupe de talibans, dont plusieurs chefs militaires. L'opposition estime que l'armée aurait procédé à des assassinats ciblés de chefs talibans. Or, ceci n'est pas autorisé par le mandat parlementaire.
Le gouvernement allemand dénie un durcissement de sa stratégie militaire en Afghanistan. La chancelière Angela Merkel, quant à elle, a remis à fin février toute décision sur un renforcement éventuel des troupes.
Auteur : Emmanuelle Maddocks/Nina Werkhäuser
Rédaction : Audrey Parmentier