Crise en RDC : le silence de l'Eglise inquiète
13 avril 2017Lorsque le président Kabila a annoncé au Parlement, le 5 avril dernier, la nomination dans les deux jours suivants d’un Premier ministre, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui a toujours joué le rôle de médiatrice entre les parties, a indiqué ne pas avoir de "commentaire particulier" à faire. Le choix porté sur Bruno Tshibala, les appels à manifester du Rassemblement qui s’en sont suivis, ainsi que les interpellations d’opposants ne suffisent toujours pas à faire réagir les évêques. Et quand on demande à l’abbé Donatien Nsholé, porte-parole de la Cenco, s’il envisage de relancer des négociations entre les différentes parties, voilà sa réponse : "Non, non. S’il n’y a pas d’évolution, on ne sera pas là."
Au sein de la société civile, on déplore aussi l’arrestation arbitraire de défenseurs des droits de l’Homme. Un climat social qui risque d’empirer, si la Cenco ne relance pas des pourparlers entre le Rassemblement et la Majorité. C’est l’avis de Jonathan Ndoutoume, professeur en géopolitique à l’université de Libreville au Gabon:
"Si la Cenco ne poursuit pas les négociations, les conséquences pourraient être dramatiques. Cela pourrait avoir un impact sur la stabilité des institutions, car même si un gouvernement est formé, il n’aura pas toute la légitimité nécessaire pour gouverner. De ce point de vue, l’opposition sera tentée d’aller dans la rue. Et le pouvoir cherchera, de son côté, à interdire toutes les manifestations. Il naîtra donc des mouvements de violences dans le pays. La Cenco aurait donc intérêt à reprendre les négociations pour éviter donc des conséquences désastreuses dans tout le pays."
Ramener opposition et pouvoir autour d’une table pour éviter le chaos. Même si cette tâche est envisageable, l’Union africaine ainsi que la Monusco devraient venir en appui à la Cenco qui serait, à en croire le politologue congolais Bob Kabamba, disposée à reprendre les négociations:
"Elle est toujours disponible mais l’initiative doit venir de l’extérieur. Il faut qu’elle ait un autre mandat pour pouvoir reprendre le chemin de la médiation."
En attendant une possible réouverture des pourparlers avec l'opposition, le nouveau chef de la Primature continue ses consultations en vue de former un gouvernement. La principale mission qui attend Bruno Tshibala et ses prochains ministres est sans doute la tenue de l’élection présidentielle d’ici la fin de l’année, conformément à l’accord du 31 décembre 2016.