Le jihadiste malien Al Hassan devant la CPI
14 juillet 2020En dépit des restrictions liées au Coronavirus, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, l’accusé, était bien présent à l’ouverture du procès pour entendre notamment la lecture des charges : viols, esclavage sexuel, persécutions, destruction de mausolées, des faits commis à Tombouctou dans le nord du Mali, en 2012 et 2013.
À l’ouverture de l’audience ce mardi, la défense a insisté sur la nécessité de créer les conditions d’un procès équitable. Elle a aussi insisté sur l’état de santé du prévenu.
"Il souffre de trouble de désassociation, a soutenu l'un de ses avocats Nicoletta Montefusco. Ce sont des symptômes neuropsychiatriques qui provoquent une rupture dans les expériences sensorielles et dans les perceptions. L’accusé n’est donc pas en mesure de comprendre les charge, de conceptualiser les conséquences que ce procès peut avoir pour lui, de préparer sa défense. "
Al Hassan à la tête de la police islamique de Tombouctou
Pour la Cour, qui dit se baser sur une autre expertise, l’état de santé d’Al Hassan n’empêche en rien la poursuite de la procédure. Présenté comme un membre d'Ansar Dine, un des groupes armés jihadistes ayant pris le contrôle du nord du pays en 2012, Al Hassan âgé aujourd’hui de 42 ans, aurait également été commissaire de la police islamique à Tombouctou avec sous ses ordres 40 policiers islamiques.
Selon l'accusation, toutes les infractions à leur lecture rigoriste des lois islamiques étaient punies de flagellations et de tortures.
Un signal aux acteurs de l'insécurité au Mali
Pour Abdoulaye Doucouré d’avocat sans frontière, qui travaille sur les questions de justice transitionnelle, "ce procès va envoyer un message fort à tous ceux qui combattent sur le territoire malien y compris les parties maliennes."
A l'en croire, "c’est une question de mémoire, le monument ne relève pas seulement du patrimoine nationale, mais aussi du patrimoine internationale… c’est une représentation de cohésion."
Avant ce procès Al Hassan qui doit se poursuivre demain, la Cour avait condamné en 2016 un premier jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir pris part en 2012 à la démolition de mausolées protégés à Tombouctou. Le site était inscrit par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité.