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La pandémie de Covid-19 en Afrique sous-estimée

Martina Schwikowski | Hugo Flotat-Talon
22 novembre 2021

Si sur le papier les taux de contamination à la Covid-19 en Afrique sont plus bas qu'ailleurs, les experts les estiment largement sous-estimés. La vaccination est toujours très en retard.

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L'entrée d'une clinique à Dakar pendant la pandémie de Covid-19
En comparaison, l'Afrique effectue moins de tests que d'autres continentsImage : Getty Images/AFP/J. Wessels

L'Europe est au cœur d'une nouvelle vague de Covid-19, l'Autriche a même entièrement reconfiné sa population. Et pendant ce temps-là, en Afrique, la pandémie semble loin.

Le nombre de de contaminations déclarées sont toujours bas et stables. Au total, un peu plus de 8,5 millions d'infections ont été documentées jusqu'à présent sur tout le continent, pour 220.000 décès. Des chiffres élevés mais moins, par exemple, que ceux de l'Allemagne où on dénombre près de 100.000 morts. Mais médecins et experts mettent en garde. 

Des contaminations non détectées

"Des milliers d'infections ne sont pas recensées sur le continent", explique Stephan Exo-Kreischer, directeur de ONE Allemagne, une ONG de lutte contre la pauvreté et les maladies en Afrique. "Nous devons partir du principe que moins de 15% des cas sont détectés", assure-t-il. "Même si les chiffres semblent faibles sur le papier, le nombre de cas est probablement sept fois plus élevé dans la réalité, selon les estimations de l'OMS."

Lire aussi → Santé en Afrique, de nombreux défis à relever

Des craintes confirmées aussi par Wolfgang Preiser qui dirige le département de virologie médicale à l'université de Stellenbosch près du Cap en Afrique du Sud. "Le bon bilan en matière de taux d'infection est effectivement lié au fait que trop peu de tests et de déclarations sont effectués", explique-t-il.

Wolfgang Preiser avance pour preuve le nombre de tests par habitants effectués en Afrique, beaucoup plus bas qu'en Europe ou aux Etats-Unis. Il cite même des études médicales en Afrique du Sud qui montrent que trois fois plus de personnes sont mortes de la Covid-19 que ce qui a été officiellement déclaré.

"Il faut accélérer la vaccination"

Autre problème : la vaccination, qui n'avance pas sur le continent. Seuls 5% des 1,3 milliard d'Africains et Africaines ont une protection vaccinale complète. Cela est lié aux craintes et à la défiance face aux vaccins, mais aussi à l'indisponibilité des doses.

Avec les cas qui augmentent en Europe, de nombreux pays remettent même en cause désormais les promesses de livraison à l'Afrique et aux pays les plus pauvres économiquement. L'Allemagne a par exemple repoussé à janvier ou février des livraisons prévues en décembre. "Une erreur", s'emporte Stephan Exo-Kreischer. "Si nous ne veillons pas à ce que les gens aient accès aux vaccins partout dans le monde, nous prolongerons la pandémie de coronavirus", répète-t-il. "C'est une énorme erreur et un signal désastreux pour le monde en ce qui concerne la fiabilité de l'Allemagne".

Ce lundi [22.11], le mécanisme Covax a toutefois permis l'acheminement des premières doses des 100 millions de vaccins Johnson & Jonson offerts aux Etats africains par l'Union européenne. 

Nouakchott
La Mauritanie fait office d'exception concernant la vaccination. Le pays à un taux de vaccination à deux chiffres déjà, avec 13% de la population totalement vaccinée.Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Peur des effets à long terme

Stephan Exo-Kreischer ajoute qu'il y a désormais plus de personnes dans les pays riches qui ont reçu une troisième vaccination que de personnes dans les pays pauvres qui ont reçu une première dose. "Il faut accélérer la vaccination", disent les experts d'une seule voix.

Beaucoup craignent les effets à long terme de la Covid-19, avec notamment les traitements contre d'autres maladies qui prennent du retard ou ne sont plus suivis par endroit.