Conséquences du gel des avoirs américains à l'UNRWA

Peter Mulrean, le représentant de l'UNRWA à New York, est tombé des nues le 16 janvier dernier en apprenant que Washington allait geler plus de la moitié des 125 millions de dollars pourtant promis à l'agence. "Nous avons été très surpris par cette décision prise par les Etats-Unis de faire une contribution de 60 millions de dollars, qui est bien sûr bienvenue mais par rapport à ce qu'ils ont contribué avant, c'est une réduction dramatique, explique-t-il. "Pour l'instant, ils ne nous ont pas fourni d'explication sur leur raisonnement pour cette décision."

Une décision sans justification mais qui pourrait affecter le quotidien des plus de cinq millions de Palestiniens qui dépendent des services de l'UNRWA pour l'éducation de leurs enfants, l'accès aux soins ou leurs besoins alimentaires.

Un coût humanitaire élevé

Scott Anderson, le directeur des opérations de l'agence en Cisjordanie, est venu aux Etats-Unis expliquer aux dirigeants américains les possibles répercussions de ces coupes budgétaires. Il ne cache pas son inquiétude. "D'un point de vue opérationnel, toutes nos écoles et nos cliniques restent ouvertes, tous nos services fonctionnent", affirme-t-il. "Donc même si ça ajoute un défi supplémentaire pour la levée de fonds, on reste en état de fonctionner, les services continuent d'être dispensés aux réfugiés. Mais il y a des interrogations sur le terrain. Les gens voient cela comme une menace existentielle pour eux-mêmes et pour leur avenir. C'est une situation qu'on observe avec beaucoup d'attention et qui nous préoccupe pour le moment", confie-t-il.

Des tensions dans la communauté palestinienne

En plus des conséquences humanitaires, l'UNRWA redoute un embrasement sur le front sécuritaire, comme l'explique Peter Mulrean. "Les gens qui n'ont plus rien à manger, pour qui les enfants ne pourront plus aller à l'école et qui n'ont pas de soins médicaux : ça crée une tension dans la communauté", regrette le représentant de l'UNRWA à New York. "Nous avons peur que cela puisse avoir des suites et nous parlons non seulement des Territoires palestiniens occupés, en Cisjordanie et à Gaza, mais aussi en Jordanie, au Liban et en Syrie", poursuit-il.

Pour éviter le pire, l'UNRWA compte sur la générosité des autres donateurs. Une dizaine de pays, dont le Koweït, la Norvège et la Suisse, ont annoncé qu'ils augmenteraient leurs contributions