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Commonwealth/Zimbabwe - Afrique du sud - Côte d'Ivoire

Marie-Ange Pioerron5 décembre 2003
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Afropresse l'Afrique à travers la presse allemande.

Nous commençons par l'absence, très remarquée, du Zimbabwe, au sommet du Commonwealth à Abuja, au Nigéria. L'ombre du Zimbabwe plane sur l'empire, titre la Tageszeitung qui présume que Robert Mugabe aurait beaucoup aimé aller à Abuja. Il aurait pu y épingler comme racistes, devant un public noir, des dirigeants blancs du monde anglo-saxon comme Tony Blair et George Bush. Malheureusement l'appartenance du Zimbabwe au Commonwealth a été suspendue il y a deux ans, lors du dernier sommet, rappelle le journal. Mais cela s'était passé en Australie, un pays de blancs. « Nous nous réjouissons de participer au sommet d'Abuja », déclarait d'ailleurs Robert Mugabe tout dernièrement aux médias d'Etat zimbabwéens. Le problème, poursuit notre confrère, est que le gouvernement zimbabwéen n'a rien fait pour cela. Le 17 novembre le président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, s'est rendu au Zimbabwe pour voir si la situation s'était améliorée depuis le dernier sommet en 2000, et si donc une réintégration du pays était possible. Il devait en repartir découragé, après le refus de Mugabe de rencontrer le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai. Le lendemain il apprenait que la police avait violemment dispersé à Harare une manifestation contre l'appauvrissement du pays et avait arrêté 80 manifestants. Une semaine plus tard, poursuit le journal, Mugabe recevait la facture : Obasanjo déclarait que le Zimbabwe ne serait pas invité au sommet d'Abuja. Mais souligne le journal, la polémique sur le Zimbabwe n'est pas terminée pour autant. Mugabe peut continuer de compter sur la solidarité de l'Afrique australe, à savoir l'Afrique du sud, la Namibie et le Malawi.

En Afrique du sud même, précisément, le fossé entre noirs et blancs est loin d'être comblé. Pour la presse allemande, un nouveau clivage est même en train d'apparaitre dans l'économie sud-africaine. C'est ce que signale la Süddeutsche Zeitung dans un article sur ce qu'elle appelle le « Nouveau départ inachevé ». Inachevé, parce que, écrit le journal, même si la discrimination raciale a disparu, les barrières économiques et sociales sont encore visibles partout dix ans après la fin de l'apartheid. Peu à peu une bourgeoisie noire est certes en train d'émerger dans les grandes villes, mais parallèlement le nombre de pauvres s'accroît. Le président Thabo Mbeki a lui-même parlé récemment de la cohabitation de deux mondes économiques : l'un moderne et en pleine croissance, l'autre arriéré et pauvre. Rien, poursuit le journal, n'alimente actuellement un débat plus passionné que les différents programmes de promotion et de redistribution censés profiter à la majorité noire négligée. Sur un point tout le monde est d'accord : si la révolution politique n'est pas bientôt suivie d'une profond remodelage économique, la patience tant admirée des noirs sera à bout. Les détracteurs du régime, poursuit notre confrère, déplorent que seule une mince élite d'entrepreneurs noirs ait profité jusqu'à présent des changements. Par exemple les nouveaux patrons de la riche industrie minière ou du secteur des médias. La plupart d'entre eux sont des membres éminents de l'ANC, le parti au pouvoir. Or souligne le journal, associer davantage de personnes à l'essor du pays est pour le gouvernement noir une question de survie.

Enfin la presse allemande évoque aussi l'escalade de la situation, observée ces derniers jours en Côte d'Ivoire. La Tageszeitung parle de la révolte grandissante, à Abidjan, de milices radicales contre la force d'intervention française. Des milices qui, note le journal, ont commis d'innombrables exactions racistes contre des immigrés ou des gens appartenant à des ethnies du nord de la Côte d'Ivoire, mais dont le président Gbagbo dit fièrement qu'elles incarnent une nouvelle conscience nationale. Quant à la France, qui mène actuellement en Côte d'Ivoire sa plus grande intervention militaire à l'étranger, et qui a investi son prestige diplomatique dans un règlement pacifique du conflit ivoirien, la France, souligne le journal, est désemparée.