Comment recevoir Recep Tayyip Erdogan?

La Turquie et l'Allemagne entretiennent des relations diplomatiques compliquées alors même que la plus grande diaspora turque du monde vit en Allemagne, avec près de 3 millions de personnes. Recep Tayyip Erdogan n'est pas venu depuis 2014 et selon le quotidien à grand tirage Bild, il devrait se rendre à Berlin au mois de septembre.

Pas de révérences

Comment la chancelière va-t-elle devoir traiter Recep Tayyip Erdogan se demande la Frankfurter Rundschau. "Allons-nous dérouler le tapis rouge pour l'autocrate qui piétine les droits de l'homme ? Où va-t-on au contraire refuser de dialoguer ?  Aussi difficile que cela puisse être, Angela Merkel doit utiliser cette visite de manière constructive et aborder les sujets qui fâchent", conseille le quotidien de Francfort. En revanche, elle devrait renoncer à une réception étatique officielle avec banquet et tout le reste.

"Pas de banquet ni de révérences", écrit également le Kölner Stadtanzeiger. Les hôtes et leurs invités devraient passer le peu de temps que durera la visite à la table des négociations. "Et cette fois", poursuit le quotidien, "on devrait interdire à Erdogan de se servir de son séjour à des fins de propagande, comme ça avait été le cas il y a quatre ans à Cologne. Angela Merkel doit plutôt lui faire comprendre qu'il devrait enfin cesser de vouloir monter la société allemande et la communauté des migrants nés en Turquie l'une contre l'autre." 

Un partenaire stratégique

"Sans l'homme fort du Bosphore", constate pour sa part la Leipziger Volkszeitung, il sera difficile de trouver une solution pour la Syrie, de contrôler le flux de réfugiés venant de l'Est, ou encore d'établir l'OTAN comme une alliance solide au sud-est de l'Europe. Et puis, ajoute le journal, "la Turquie est bien plus qu'Erdogan. Si le gouvernement allemand refuse de l'accueillir comme il se doit, ce ne serait pas seulement une humiliation pour lui, mais pour l'ensemble du pays. Et à qui cela pourrait-il profiter à long terme ?", se demande la Leipziger Volkszeitung.

Martin Winterkorn impliqué dans une nouvelle affaire

Les journaux reviennent par ailleurs sur le nouveau scandale qui touche l'ancien PDG de Volkswagen. Après celui des moteurs diesel truqués, Martin Winterkorn est soupçonné de détournement d'impôts. "Son avocat se plaint parce que ce dossier a été ajouté à l'affaire du logiciel illicite  capable de fausser les niveaux d'émissions de gaz polluants. Et qu'il a ainsi été rendu public", écrit la Rheinische Post. Mais même s'il s'agissait d'une trahison de secrets officiels, quelle poids pèserait-elle par rapport à la fraude contre des millions d'automobilistes, par rapport à la trahison des actionnaires et la violation de la loi qu'il a menées pendant des années ? Jusqu'à ce jour, constate le journal, Martin Winterkorn n'a pas assumé sa responsabilité. Il a échoué autant en tant que gestionnaire qu'en tant que citoyen.

"Des égoïstes criminels de la sorte, il y en a eu avant Winterkorn", affirme la Neue Osnabrücker Zeitung. Et il y en aura après lui. Plus ils en ont, plus ils en veulent. Cette règle-là n'est malheureusement pas près de disparaître, conclut le quotidien.

Le parquet de Braunschweig  a rejeté les informations selon lesquelles une nouvelle procédure serait en cours contre Martin Winterkorn. Le parquet qui dit avoir transmis des éléments concernant une éventuelle infraction fiscale à l'administration compétente.