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Combien y a-t-il eu de victimes suite à l'attaque à Bamako ?

19 septembre 2024

Le JNIM parle de centaines de morts et de blessés suite à l'attaque qui a visé Bamako mais les militaires au pouvoir au Mali reconnaissent seulement quelques pertes en vies humaines.

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Des armes exposés
Le bilan exact de l'attaque de Bamako reste encore flouImage : ORTM/AFP

Dans les premières heures de l'attaque qui a visé Bamako, l'état-major de l'armée malienne, dans un communiqué lu à la télévision d'Etat, l'ORTM, avait parlé d'une attaque qui a "occasionné quelques pertes en vies humaines ", notamment " certains élèves gendarmes", sans préciser combien. 

A sa Une, le quotidien Le Soir de Bamako a annoncé " les obsèques d'une cinquantaine d'élèves gendarmes ", ce jeudi 19 septembre.

Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, le JNIM, de son côté, dans ses messages de propagande, n'a pas hésité à très vite revendiquer une centaine de personnes tuées ou blessées. 

Le groupe djihadiste affirme aussi que les membres du commando qui a conduit l'attaque, une dizaine de combattants en tout, seraient tous morts.

"Chaque parti tente de narrer la situation à sa façon"

Ce jeudi, l'Agence France presse, qui se réfère à une source sécuritaire, assure que les attaques djihadistes contre l'école de gendarmerie et l'aéroport militaire de Bamako ont fait 77 morts et 255 blessés et évoque, par ailleurs, un document officiel authentifié qui rapporterait une centaine de morts, et cite nommément 81 victimes. 

Pour Mohamed Amara, sociologue et auteur de l'ouvrage "Marchands d'angoisse : le Mali tel qu'il est, tel qu'il devrait être”, le flou qui entoure le bilan des attaques est coutumier dans ce genre de situation.

" Il faut penser tout simplement qu'on est dans un contexte qui est celui d'une guerre de l'information, où chaque parti, chaque acteur, tente de narrer la situation à sa façon" explique-t-il avant de préciser que "l'idée de ne pas avoir un bilan officiel s'explique, du point de vue des autorités maliennes, par la volonté de ne pas susciter la peur, pour ne pas angoisser les populations".

D'autres explications 

Si, pour l'heure, les autorités militaires au pouvoir ne communiquent pas un bilan humain précis, de l'avis de certains autres observateurs, c'est parce que l'attaque met à mal leur stratégie dans la lutte contre le terrorisme.

Bamako mettait en effet l'accent sur sa stratégie de rupture, son nouveau partenariat avec la Russie et un effort militaire accru qui auraient permis de "remporter des victoires" face aux djihadistes.

"C'est peut-être une question stratégique"

L'attaque de mardi n'a été repoussée qu'au bout de plusieurs heures de combat au cours desquelles les djihadistes ont occupé une partie de l'aéroport de Bamako, où ils ont fait d'importants dégâts. 

L'analyste Mounkaila Mossi estime que le flou qui entoure le bilan pourrait s'expliquer soit par un bilan lourd qui risquerait de mettre en doute la puissance de l'armée malienne face aux djihadistes ou par le fait que les autorités seraient encore en train de faire le décompte. Il insiste toutefois sur le fait qu'on "est dans une situation de crise et l'Etat doit agir pour rassurer la population et faire la lumiere sur cette attaque".

Un besoin de transparence

Selon Mohamed Amara, il est primordial, dans ce genre de situation, que les autorités fassent preuve de transparence.

"Plus vous donnez le bilan exact, plus vous êtes transparent, plus les parents des victimes et la société malienne seront en capacité de résilience" assure-t-il. 

Alors que d'autres régions du Mali subissent régulièrement des attaques de groupes armés, cela fait plusieurs années maintenant que Bamako, la capitale, n'avait pas été le théâtre d'une telle offensive djihadiste. Celle-ci intervient d'ailleurs dans un contexte de restriction sévère de la liberté d'expression par la junte au pouvoir. 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique