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Colère au Brésil après le meurtre d’un Congolais

Marie Naudascher
8 février 2022

Depuis l’assassinat du Congolais Moise Kabagambe le 24 janvier, le débat sur le racisme structurel au Brésil agite une fois de plus la société brésilienne.

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Le meurtre du Congolais Moïse Kabagambe sur une plage de Rio de Janeiro a jeté une lumière crue sur les épreuves auxquelles sont confrontés au Brésil les immigrés africains.
Le meurtre du Congolais Moïse Kabagambe sur une plage de Rio de Janeiro a jeté une lumière crue sur les épreuves auxquelles sont confrontés au Brésil les immigrés africains.Image : Cristine Ramalho/DW

Justice ! Justice ! C’est ce que demandent les milliers de manifestants réunis sur l’avenue Paulista à São Paulo.

Le congolais de 24 ans était venu demander son salaire, 200 réais, 30 euros pour deux jours de travail, à son patron. Pendant 15 minutes, la scène a été filmée, il est battu par 5 hommes, et laissé pour mort, derrière le kiosque, sur la plage.

La colère contre le racisme

Quelque 35.000 immigrés Africains vivent au Brésil, mais les spécialistes estiment que les statistiques officielles sont sous-évaluées.
Quelque 35.000 immigrés Africains vivent au Brésil, mais les spécialistes estiment que les statistiques officielles sont sous-évaluées.Image : Cristine Ramalho/DW

Beaucoup de colère, partagée par la communauté congolaise, africaine mais pas seulement, les Brésiliens, noir ou blancs, les militants des droits de l’Homme ou simple citoyens choqués par cette nouvelle attaque xénophobe.

Tous sont réunis dans une même foule. Entre deux discours, des chants, malgré les notes joyeuses, l’ambiance est lourde.

Parmi les manifestants : Elly Peta, écharpe aux couleurs de la République démocratique du Congo autour du cou. Il connaissait Moïse Kabagambe, réfugié comme lui.

"Si on a quitté notre pays pour le Brésil, c’est parce qu’on se sent plus en sécurité ici qu'ailleurs. Voilà pourquoi on est ici. C’était un ami qu’on connait bien. J’ai pris des photos avec lui. On est même allés jusqu’à Copacabana ensemble, il était comme mon guide. Nous, on est étrangers, mais on est au Brésil, on ne fait pas de magouille, rien d’hors la loi. On travaille pour gagner notre pain. C’est ça en fait", a déploré Elly Peta.

Les droits des réfugiés au Brésil

Les immigrés africains sont victimes de racisme au Brésil où la population noire est pourtant majoritaire.
Les immigrés africains sont victimes de racisme au Brésil où la population noire est pourtant majoritaire.Image : Cristiane Ramalho/DW

La loi brésilienne garantit aux réfugiés les mêmes droits qu’aux Brésiliens. Ils peuvent travailler et être déclarés mais dans les faits, avec la crise économique, beaucoup survivent avec des petits boulots, comme c’était le cas de Moïse. Ce drame montre donc le racisme, mais aussi la précarité des conditions de travail. 

À Rio de Janeiro, les deux kiosques de la plage de Barra da Tijuca, dans la Zone ouest, pourraient être transformés par la mairie en mémorial contre le racisme.

Et déjà, un observatoire de la violence contre les réfugiés a été créé, en lien avec l’ONU, pour ne pas laisser impunis ces actes xénophobes.

Après les Vénézuéliens et les Syriens, les réfugiés venus de RDC sont les plus nombreux au Brésil. Ils sont 1300 personnes selon le ministère de la justice.