Christiana Thorpe: lauréate du Prix Afrique 2009
15 septembre 2009Certes selon l'indice de développement humain de l'ONU, la Sierra Leone occupe encore la dernière place. Un état de fait qui est loin de ternir l'optimisme de Christiana Thorpe. Or de l'optimisme, il lui en faut dans ce pays où la guerre civile a tout détruit sur son passage. Y compris les règles de base de la démocratie. Ainsi en 2007, les candidats aux élections législatives et à la présidentielle ont tous tenté de contrôler les médias et de corrompre les électeurs. Christiana Thorpe, elle, a voulu réapprendre aux gens les principes fondamentaux:
« Si nous voulons vraiment faire avancer la démocratie dans ces conditions, il est important de tenir compte des gens, de la société civile. De cette manière nous pouvons apprendre aux gens pourquoi ils votent, comment ils votent et quel est le véritable enjeu de l'élection. »
La Commission électorale qu'elle préside a donc envoyé des multiplicateurs dans les écoles, dans les communes, dans les familles. Et 75% des Sierra-Léonais ont donné leur voix. Un taux de participation digne d'une démocratie. Michael von der Schulenburg coordonne le travail des agences de l'ONU sur place:
« Cette évolution n'a été possible que grâce à des gens engagés et courageux comme Christiana Thorpe. Organiser des élections démocratiques dans une région en conflit comme la Sierra Leone, cela demande beaucoup de détermination, de courage et une très forte intégrité. Pour moi, Christiana Thorpe est une de ces personnalités reconnues dans le monde entier. Elle a fait beaucoup pour la Sierra Leone, mais aussi pour la communauté internationale toute entière qui cherche des exemples de démocratisation réussie. »
Et pour Christiana Thorpe, la démocratisation passe avant tout par l'éducation:
« Je suis persuadée que l'éducation peut être un vecteur de changements. Par l'éducation, nous rendons les gens plus forts et nous pouvons ainsi encourager le développement. Nous avons connu 11 ans de guerre: la génération de nos adolescents n'a donc connu que la violence depuis l'âge de deux ou trois ans. C'est là que le pays doit commencer: il faut travailler directement avec ces jeunes. Ils doivent apprendre des activités positives et productives.“
La lauréate du Prix Afrique 2009 prépare d'ores et déjà les élections de 2012.