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Etat de droitSyrie

Les prisons syriennes, symboles des horreurs de la dictature

Sandrine Blanchard | Avec agences
11 décembre 2024

La chute de Bachar al-Assad permet l'ouverture des prisons de Syrie. Si des prisonniers d'opinion retrouvent enfin la liberté, cela pourrait également être le cas de détenus djihadistes.

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Syrie Damas 2024 | Des personnes photographiées à travers les barreaux de la prison de Sadnaya, venues chercher leurs proches victimes d'atrocités sous Bachar al-Assad (photo du 10 décembre 2024)
Des proches de détenus affluent à la prison de Sadnaya, près de DamasImage : Asaad al-Asaad/UPI Photo/picture alliance

En Syrie, l’une des répercussions du renversement de Bachar al-Assad, c’est l’ouverture des prisons.

Cela est une bonne nouvelle pour les prisonniers politiques, torturés dans les geôles de la dictature, et pour leurs proches qui n'ont plus de nouvelles d'eux depuis des années parfois. Mais c'est aussi une source d’inquiétude pour les gouvernements occidentaux, concernant cette fois les camps situés dans le nord du pays. C’est là que les combattants kurdes retenaient jusqu’à présent des djihadistes présumés, dont certains pourraient vouloir rentrer dans leur pays d’origine.

Foule de gens devant la prison de Saydnaya, au nord de Damas (photo du 9 décembre 2024)
Certains détenus pourront retrouver leur famille après des années de séparation et de sévicesImage : Hussein Malla/AP Photo/picture alliance

Des proches en quête d'informations

"Mon frère a été enlevé il y a 11 ans, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui, juste devant notre porte. Maintenant, voyez tous ces cadavres brûlés et ces corps décapités – c’était ça, le régime qui nous gouvernait".

Rima al-Turk cherche à retrouver la trace de son frère Adnan, disparu depuis 2011 dans un cachot. 

Depuis lundi, des foules de gens se massent devant la prison de Saydnaya, située dans les environs de Damas, mais aussi devant les hôpitaux et la morgue. 

Des hommes, des femmes, des enfants venus tenter d’obtenir enfin des nouvelles de leurs proches emprisonnés, souvent sans raison, sous la dictature de Bachar al-Assad. La Croix rouge les enjoint de ne pas tenter de leur venir en aide eux-mêmes.

Une femme dans une pièce délabrée de la prison Saydnaya regarde des couvertures et des habits répandus sur le sol (photo du 9 décembre 2024)
Les conditions de détention dans les prisons du régime al-Assad étaient particulièrement atrocesImage : Hussein Malla/AP Photo/picture alliance

Torture et prisons secrètes

D’après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une ONG basée au Royaume-Uni, plus de 30.000 personnes auraient été enfermées et torturées dans la prison de Saydnaya, entre le début de la guerre, en 2011, et 2022.

Durant cette même période, l’OSDH estime à plus de 100.000 personnes le nombre de détenus qui seraient morts dans les prisons syriennes, pour la plupart victimes de tortures et de mauvais traitements, parfois dans des prisons secrètes. 

Les médecins qui récupèrent les corps depuis le week-end ont du mal à les identifier tellement ils sont abîmés. Ils cherchent des tatouages, des cicatrices ou d’autres signes particuliers pour pouvoir mettre un nom sur certaines dépouilles.

Les survivants, eux, sont traumatisés et ont parfois du mal à mettre des mots sur l’horreur qu’ils ont vécue.

Portrait d'Eric Breininger (archive de 2008)
Près de 1150 islamistes auraient quitté l'Allemagne à partir de 2011 pour se rendre en SyrieImage : picture-alliance/dpa

Des djihadistes parmi les libérés potentiels

D’autres prisonniers inquiètent aussi les gouvernements comme celui de l'Allemagne ; ce sont les milliers de personnes, des Occidentaux notamment, partis se battre en Syrie, à partir de 2011, aux côtés de groupes islamistes radicaux. 

40% des ressortissants allemands partis faire le djihad en Syrie seraient revenus entre-temps (chiffre d’avril 2024 fournis par le Bundestag), mais ils seraient une cinquantaine encore présents dans le nord et le nord-est du pays, sous la surveillance de combattants kurdes, dans la zone autonome. 

Aujourd'hui, l’alliance kurde SDF a indiqué se retirer de certaines localités, comme la ville de Manbij, face à la progression des milices pro-turques. Les djihadistes étrangers pourraient donc sortir de prison et vouloir rentrer dans leur pays d’origine.

A l’instar de l’Union européenne et de l’Onu, le gouvernement allemand considère toujours la milice HTS, qui a renversé Bachar al-Assad, comme un groupe terroriste. Mais les déclarations de ses dirigeants font penser à Berlin que "le niveau de menace" ne s’est pas accru "du fait des acteurs djihadistes du HTS en Allemagne […] du moins dans un premier temps".