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Camps pour migrants : l'Afrique du Nord ne veut pas coopérer

29 juin 2018

L'Union européenne envisage de créer des centres de regroupement pour migrants où ceux ayant droit à l'asile seront sélectionnés. Or aucun pays, ni en Europe, ni dans le Nord de l'Afrique ne se déclare prêt à en abriter.

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USA Aufnahmelager für illegale Einwanderer
Image : picture-alliance/AP Photo/U.S. Customs and Border Protection

Mohamed Benhamou : "Le Maroc a déclaré clairement qu'il n'est pas du tout prêt à installer sur son sol des centres pour accueillir des migrants"

Parmi les solutions à l'immigration irrégulière, les 28 Etats membres de l'Union européenne ont envisagé, lors d'un sommet à Bruxelles, la création de centres de regroupement de migrants. L'idée est d'opérer par la suite un tri entre ceux qui remplissent les conditions pour obtenir le droit d'asile et les migrants économiques. Mais où installer ces centres : en Europe ou en Afrique du Nord ? C'est visiblement là où ça risque de bloquer. 

 

Belgien - EU-Gipfel in Brüssel - Merkel
Image : picture alliance/dpa/AP/G. Vanden Wijngaert

Les deux hypothèses évoquées

Les Etats membres de l'Union européenne ont convenu de regrouper les migrants secourus en mer dans des "centres contrôlés" au sein de l'UE ou bien dans des "plateformes de débarquement" en Afrique du Nord.

Si c'est sur le territoire européen, l'Italie et la France ont déjà dit qu'ils n'en voudraient pas. Quant aux pays d'Afrique du Nord, l'idée est déjà rejetée. Joint par la Deutsche Welle, Mohammed Benhamou, directeur du Centre marocain d'études stratégiques affirme que "le Maroc a déclaré clairement qu'il n'est pas du tout prêt à installer sur son sol des centres pour accueillir ces migrants." 

Mohamed Benhamou s'inquiète du sort des migrants gardés dans ce genre de centres et qui n'auront pas été sélectionnés pour obtenir l'asile en Europe. "Ceux qu'on va prendre, ce sont ceux qui répondent à certains critères pour les Européens. Et les autres, qu'est-ce qu'on va en faire ?", s'interroge l'expert marocain.

 

Griechenland Sotiris Alexopoulos in Piräus
Image : DW/P. Kouparanis

Pas de "Guantanamo" pour migrants

D'après les sources que nous avons contactées en Tunisie et en Algérie, ces deux pays sont également opposés à l'installation de centres de débarquement sur leur territoire. Pourtant Abderraouf Ayadi, défenseur tunisien des droits de l'homme, craint que les autorités de son pays ne cèdent à l'appât financier. La raison en est, estime-t-il, que "les autorités tunisiennes ne sont pas dans la meilleure des situations (à cause des) difficultés économiques que vit le pays".

Elles peuvent être amenées à accepter ce genre de solutions parce qu'elles ont besoin de crédits, des emprunts. Déjà ces pays ont vécu des décennies de dictature et de répression. Maintenant qu'on en fasse une sorte de "Guantanamo" des migrants, je crois que ce n'est pas la bonne solution."

 

Libyen Europa Migration Zustände in Flüchtlingslagern
Image : picture-alliance/AP Photo/M. Brabo

La hantise du marché aux esclaves

La Libye, où règne un chaos depuis 2011, a également fait savoir, par la voix du vice-Premier ministre du gouvernement d'union nationale, que le pays "refusait catégoriquement l'installation de camps pour migrants".

Pour l'expert marocain Mohammed Benhamou, l'option libyenne serait une erreur après l'épisode du marché aux esclaves qui a déclenché une vive émotion à travers le monde. "Cet épisode dramatique doit continuer à nous interpeller tous", s'exclame Mohammed Benhamou qui explique ne pas penser que "les Européens prendront le risque d'aller vers une telle aventure par crainte de voir ce problème se reproduire."

Des parlementaires de pays membres du Conseil européen ont publié dans la semaine du sommet européen à Bruxelles (28.-29.06.18), une déclaration prévenant contre les dérives qu'occasionne sur le plan des droits de l'homme, l'installation de centres de regroupement de migrants.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum