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Economie

L'entreprise CDC victime de la crise anglophone

Henri Fotso
29 juin 2018

Après un an et neuf mois d’offensives sécessionnistes, le plus gros employeur, après l’Etat du Cameroun, est à bout de souffle. La Cameroon development corporation possède pourtant de vastes plantations agricoles.

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Kamerun Zwiebelmarkt in Yaounde
Image : picture alliance/dpa/J. P. Kepseu

La Cameroon development corporation (CDC), qui possède de vastes plantations agricoles autour du Mont Cameroun, risque de disparaitre en raison de l'insécurité dans la région. De la même manière, d'autres entreprises des régions anglophones sont en difficultés à cause de la guerre.  "Ils sont venus abattre un gendarme sur la route …. Juste là, au petit marché", décrit  un chauffeur de moto-taxi de Muntenguene sont légion dans les localités anglophones du Cameroun. 

95.000 déplacés

La guerre que se livrent les forces gouvernementales et les sécessionnistes depuis 21 mois a provoqué le déplacement interne de près de 95.000 personnes avec un impact dramatique sur l’activité économique. 

Gabriel Mbene, cadre d’entreprise et leader syndical, explique que "dans la région du sud-ouest, on travaille difficilement parce que dans presque tous les départements c’est difficile à cause de ce conflit armé. Et les employés n’arrivent même pas à travailler, presque toutes les plantations qui sont de la CDC et de Palm Oil ont fermé. Hévéa, palmeraies, toutes sont fermées."

Des milliers d'emplois menacés

Selon Appolinaire Ganso, le directeur de la logistique à la Cameroon development corporation (CDC) l’état d’esprit qui prévaut dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun : "On est très peiné de vivre cette situation de conflit qui est autour de nous en permanence. Nous vivons avec la peur parce qu'il y a des tueries en permanence. Nous sommes tellement angoissés."

La situation est "préoccupante", a déclaré pour sa part le directeur général de la CDC, Gabriel Béné, qui fait désormais face à des usines fermées, des campements désertés par les travailleurs et 22.000 emplois directs menacés.

"Ca fait aujourd’hui presque trois mois que l’endettement s’accumule. Les travailleurs sont là, ils sont victimes de la guerre. Donc, c’est une situation de force majeure", a expliqué Gabriel Béné.

Baisse de salaires

A cause de la guerre, le mastodonte qui produit entre autres la banane Makossa, la banane Del Monte, l’huile de palme, le thé et le caoutchouc, des produits très prisés sur les marchés internationaux, a déjà opéré une baisse des salaires de 50% en juin. 

Si la situation persiste, ces salaires pourraient baisser à 40% en juillet, 30% en septembre, et après six mois, 6.000 travailleurs pourraient être licenciés, souligne-t-on au sein de l’entreprise. 

Ce qui devrait seulement contribuer à aggraver la tension sociale, selon Appolinaire Ganso qui en appelle à une aide de l’Etat: "La CDC est en difficultés. Il faut un package du gouvernement pour relever et sauver les emplois. 22.000 emplois directs, c’est autour de 250 familles camerounaises à nourrir. C’est très important."

D'autres entreprises touchées

Par ailleurs, la guerre touche aussi les entreprises brassicoles et les symboles tels que l’école et les administrations publiques dont les douanes dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun. 

La trésorerie centrale à Yaoundé a vus ses rentrées d'argent réduites, ce qui s'est traduit ces derniers temps par la modification ou le report de plusieurs projets gouvernementaux.