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Les femmes du Cameroun veulent la paix

Elisabeth Asen
28 septembre 2022

A l'occasion de la journée internationale de la paix du 21 septembre, la Convention nationale des femmes pour la paix a organisé une simulation de négociations à Yaoundé, avec l'appui de la fondation allemande Friedrich Ebert. Objectif: montrer aux parties en conflit que la négociation pour un retour à la paix au Cameroun est dans l'intérêt de tous.

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Longtemps lésées, alors qu'elles sont les principales victimes des guerres, les femmes camerounaises ne veulent plus se taire face aux multiples conflits qui frappent le pays.  

"Quand le grand dialogue national s'est tenu, la représentation de la femme n'atteignait même pas 15%", déplore Yvonne Bih Muna, membre de la convention nationale des femmes pour la paix. "Nous les femmes, on s'est dit que si on ne nous donne pas la place, nous-mêmes nous allons porter nos chaises et nous asseoir. Nous ne voulons pas être le menu mais nous voulons être autour de la table de négociation."  

Ces femmes ont toutes ou presque une histoire avec les différents conflits qui traverse le Cameroun. Et c'est à travers un scénario monté avec le soutien de la fondation Friedrich Ebert qu'elles ont décidé de l'exprimer.  

"Nous avons développé un scénario pour chaque région parce que nous sommes une plateforme nationale et pour nous, c'est important de ne pas seulement traiter un problème", explique Nina Nietzer, représentante de la fondation Friedrich Ebert. "Les femmes sont ensemble, elles sont solidaires entre elles. Je pense que c'est aussi la force de notre plateforme."

Dans un court métrage de près de quinze minutes, des femmes fatiguées de subir des violences réclament la paix, d'autres scènes décrivent des tentatives de conciliation, entre autres avec des acteurs qui incarnent à la fois certains personnages-clés du gouvernement et des leaders séparatistes, ainsi que les membres de la société civile.

Le but est de montrer aux différentes parties prenantes que la négociation pour un retour à la paix au Cameroun est dans l'intérêt de tous.  

Le conflit perdure dans les régions anglophones et le gouvernement camerounais s'est retiré de la médiation suisse. Une occasion pour ces artisanes de paix de prendre le relais des négociations.

"Ce mouvement a une chance de porter", estime Stéphanie Njiomo, Représentante Onu-femmes. "C'était le cas en Colombie, c'était le cas aussi au Libéria. Il y a des femmes qui ont marqué l'histoire comme ça, qui ont changé la face des choses en proposant des approches consensuelles pour la résolution des conflits. Donc effectivement on pense qu'avec le dévouement de toutes ces femmes qui seront pour les prochains jours les acteurs, il y a de fortes chances que cela puisse donner quelque chose d'assez intéressant pour le monde entier." 

Les toutes premières négociations de paix entamées à Yaoundé par les femmes ont connu la présence des autorités camerounaises mais pas celle des séparatistes.

"Je pense qu'il y a des raisons pratiques pour que l'autre acteur ne soit pas là", relativise Nina Nietzer, de la fondation Friedrich Ebert. "Mais ils sont au courant, ils suivent les négociations. Et ça c'est un signe très important parce que les femmes peuvent créer des passerelles entre tous les acteurs. Et je pense que jusqu'à présent c'était chose impossible que tous les acteurs s'asseyent sur une même table."

Si des expériences similaires se sont  avérées décisives  dans le processus de paix dans certains pays comme le Liberia, grâce au mouvement des femmes initié en 2002 par Leymah Gbowee, militante pour la paix en Afrique, au Cameroun c'est une motivation supplémentaire pour la convention nationale des femmes pour la paix à aller de l'avant afin de stopper ces bains de sang.