Départs massifs au sein de l'armée ivoirienne
7 mai 2018Ces deux faits illustrent les tensions qui persistent au sein de l'armée ivoirienne, dont une partie est favorable à l’actuel président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Le départ à la retraite de milliers de soldats pourrait indiquer la volonté du président Ouattara d'équilibrer le rapport des forces en sa faveur.
Selon Ahmed Traoré, le représentant de ces anciens rebelles démobilisés, le président Alassane Ouattara leur a promis en 2011 une récompense de 12 millions de franc CFA après la chute de Laurent Gbagbo. Mais une partie seulement a reçu cette somme, d’où le mécontentement observé.
Si elle n’est pas résorbée, cette tension risque t-elle de représenter un danger pour le président Alassane Dramane Ouattara ?
"Que ca cause des ennuis au président Ouattara, ce n'est pas ca qui nous préoccupe le plus. Ce qui préoccupe, c'est plus la population qui va subir encore les détonations, les coups de feu un peu partout et puis parfois des morts inutiles. Tout le monde craint que les choses dégénèrent encore une fois comme cela s'est passé en janvier 2017," explique Augustin Kouyo le rédacteur en chef du quotidien Notre Voix.
Retraite dorée pour les militaires
Par ailleurs, dans le cadre de la réforme de l’armée, le gouvernement a décidé de favoriser le départ à la retraite anticipée de près de deux mille militaires, moyennant la somme de 15 millions de francs CFA et d’autres avantages.
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Une première vague a déjà été mise à la retraite en décembre, une autre devrait l'être dans les prochains jours. Certains analystes y voient une stratégie trouvée par le président Ouattara pour écarter certains militaires jugés trop proches de Guillaume Soro.
Cela inquiète Me Yacouba Doumbia, le président du Mouvement ivoirien pour les Droits de l'Homme, la MIDH. "Ca se dit ici et là. Mais aujourd'hui, les militaires ne sont plus ce qu'ils étaient il y a quelques années. C’est-à-dire des gens assez disciplinés, un corps composite. Aujourd'hui, vous savez bien qu'il y a des militaires qui seraient fidèles à Guillaume Soro, d'autres fidèles à monsieur Ouattara. D’autres à monsieur Laurent Gbagbo. Ce n'est pas en fait l'image d'une armée républicaine. Mais nous estimons qu'il faut en tout cas travailler sur cette armée pour qu'elle redevienne véritablement républicaine", souligne Me Yacouba Doumbia.
Joint par la DW, les autorités ivoiriennes : gouvernement, Assemblée nationale et présidence n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce sujet jugé "délicat".