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Restriction des libertés sous les juntes militaires au Sahel

21 août 2024

Au Burkina Faso, le mouvement Balai citoyen dénonce la détention arbitraire de ses membres.

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Burkina Faso | Ouagadougou | Des jeunes manifestants.
Au Burkina, le Balai Citoyen s’indigne que depuis six mois, ses militants Rasmane et Bassirou arrêtés ne soient pas autorisés à communiquer avec leurs familles. Images/Archives.Image : AP Photo/picture alliance

Au Burkina Faso, il devient de plus en plus difficile d’être militant pour la démocratie et la liberté sous la junte au pouvoir.

Et c’est ce qui inquiété le mouvement Balai Citoyen au Burkina Faso qui a exprimé son indignation face à la détention prolongée et illégale de deux de ses membres, Aboudou Rasmane Zinaba et Bassirou Badjo. Ces derniers ont été enlevés en février 2024 à Ouagadougou par des individus armés, avant d'être réquisitionnés.

Protéger les droits des citoyens

Le mouvement citoyen appelle à une prise de conscience et à une action immédiate pour protéger les droits fondamentaux des citoyens. Il dénonce en particulier le fait que ses deux membres, ainsi que d'autres citoyens, sont en détention sans jugement depuis plusieurs mois, malgré l'avis contraire de la justice.

Ces personnes, pour la plupart réquisitionnées pour être envoyées sur le front face aux groupes djihadistes, sont privées du droit de communiquer avec leurs proches, alors que les militaires, chargés de protéger le pays, peuvent librement contacter leur famille, critique le mouvement.

Burkina Faso - des militaires assurant la sécurité.
Au Burkina Faso, la liberté est restreinte au nom de la sécurité nationale. Le Burkina tout comme ses voisins le Mali et le Niger - est frappé depuis près de dix ans par des attaques de groupes jihadistes qui ont fait plus de 20.000 morts et deux millions de déplacésImage : Str/AFP

Selon l’ancien ministre malien Mamadou Ismaila Konaté, ces pratiques ne sont pas spécifiques au Burkina Faso. Il explique que "les sociétés civiles se trouvent dans une position difficile. Aujourd’hui, donner de la voix conduit à des procédures judiciaires, à des coups de bâton, ou à l'exil forcé."

Depuis les coups d'État militaires dans ces pays, les libertés d'expression, de presse et de réunion sont sévèrement limitées. Les manifestations sont fréquemment interdites, et les opposants politiques ainsi que les militants de la société civile sont régulièrement soumis à des arrestations arbitraires.

Au nom de la sécurité nationale

Ces restrictions, justifiées par les autorités militaires au nom de la sécurité nationale et de la stabilité, ont créé un climat de peur et de méfiance, où les droits fondamentaux des citoyens sont gravement menacés.

Mais pourquoi le Balai Citoyen peine-t-il à résister à la junte, alors qu'il avait réussi à contraindre l’ex-président autocrate Blaise Compaoré à quitter le pouvoir ? Mamadou Ismaila Konaté explique qu’"à l’époque, bien que les dirigeants renversés aient été armés et soutenus par l'armée, il existait néanmoins des règles démocratiques et une liberté d’expression. Aujourd’hui, certains de ces dirigeants actuels adoptent des comportements de fous."

Le mouvement Balai Citoyen interpelle la junte au pouvoir au Burkina Faso, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR2), sur plusieurs points : d'abord, la nécessité de clarifier la réquisition des personnes arrêtées, ainsi que celle de tous ceux qui ont été enrôlés de force. En outre, le mouvement demande la levée des restrictions qui empêchent les détenus de recevoir des nouvelles de leur famille.