Bukavu aux mains du M23 malgré les réactions des puissances
16 février 2025C'était sans résistance que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, se sont emparés de la capitale du Sud-Kivu, dans l'est de la RDC. Durant la même semaine, les rebelles avaient pris le contrôle total de l'aéroport de Kavumu, à une trentaine de kilomètres de la ville de Bukavu.
Désormais, les rebelles ont le contrôle total du lac Kivu, après qu'ils aient pris Goma, la capitale du Nord-Kivu, fin janvier.
Vendredi (14.02), les rebelles ont été accueillis à Bukavu par quelques habitants, avant que les rebelles ne tiennent une réunion improvisée à la Place de l'Indépendance ce dimanche (16.02.). Sur certaines images, la prison centrale de Bukavu est en fumées après que les détenus se sont sauvés, profitant du chaos. Une situation qui ressemble à celle de Goma, capitale de la province voisine, le Nord-Kivu, où plusieurs prisonniers s'étaient enfuis de la prison de Munzenze
La communauté internationale réagit
Plusieurs réactions ont été entendues depuis Addis-Abeba lors du sommet ordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement, demandant aux rebelles du M23 de se retirer de la ville de Bukavu.
Le président français, Emmanuel Macron, a écrit sur son compte X sur l'évolution de la situation dans le Sud-Kivu, faisant aussi mention de son entretien téléphonique avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi.
"Le M23 doit immédiatement se retirer de Bukavu", peut-on lire dans le tweet du président français. Il ne condamne cependant pas le Rwanda pour son soutien à la rébellion, mais l'appelle "à soutenir la mise en oeuvre des mesures d'urgence", discutées au téléphone avec Tshisekedi.
Berlin qui a récemment suspendu des consultations sur l'aide au développement destinée au Rwanda, appelle à une solution par le dialogue, tandis que les Britanniques craignent que la prise d'autres villes dans l'est de la RDC par le M23 risque de plonger toute la région des Grands-Lacs dans une guerre.
La RDC exprime une once de satisfaction
A Addis-Abeba, lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, les langues se délient. Le secrétaire général de l'Onu pointe du doigt le Rwanda pour son soutien au M23 et demande au Rwanda de retirer ses troupes.
"Il y a un certain nombre de choses importantes qui ont été convenues et qui doivent maintenant être mises en place : d'une part, la neutralisation des FDLR, d'autre part, le retrait des forces rwandaises", a martelé Guterres.
Une intervention qui n'a pas manqué de susciter de l'espoir de chez Judith Suminwa Tuluka, la Première ministre congolaise, venue au sommet à la place du président Tshisekedi.
"Je pense qu'il y a un changement de narratif et cela est important. Aujourd'hui, on appelle le chat par son nom. Ce sont les troupes rwandaises qui sont sur le territoire congolais dans l'est du pays et la demande est faite qu'il [le Rwanda] puisse retirer ses troupes", a fait savoir la cheffe du gouvernement congolais.
Mais la RDC condamne aussi l'entêtement du Rwanda, malgré les mécanismes mis en place pour résoudre cette crise. Sur le compte X du ministère congolais de la Communication et des médias, on peut lire : "Contrairement aux résolutions de Dar-Es-Salaam, aux appels au cessez-le-feu de la communauté internationale y compris l’implication du Président Macron, le Rwanda s’entête dans son dessein d’occupation, de pillages et de commission de crimes et des violations grave de droits humains sur notre sol".
En début du mois, le président Paul Kagame, lors d'une interview avec la chaîne américaine, CNN, a fait savoir qu'il ne savait pas si ses hommes étaient en action dans l'est de la RDC, une réponse qui a suscité des réactions dans le monde, étant donné les nombreux rapports des Nations.unies qui pointent du doigt la présence de l'armée rwandaise dans l'est de la RDC.