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Birmanie : des exécutions qui provoquent l'indignation

Georges Ibrahim Tounkara | Avec agences
25 juillet 2022

Quatre personnes dont un ancien député du parti de l’opposante, Aung San Suu Kyi, ont été exécutées ce lundi, provoquant l'indignation de plusieurs pays.

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 Kyaw Min Yu et Phyo Zeya Thaw, deux opposants exécutés ce lundi 25 juillet 2022
Kyaw Min Yu et Phyo Zeya Thaw, deux opposants exécutés ce lundi 25 juillet 2022Image : AP/picture alliance

Les exécutions qui ont eu lieu ce lundi 25 juillet, sont les premières sous la junte qui a pris le pouvoir en février 2021. C’est aussi la première application de la peine de mort en Birmanie depuis plus de trois décennies. 

Les quatre personnes exécutées avaient été condamnées pour des "actes de terreur brutaux et inhumains". Parmi elles, se trouve un militant actif membre du parti del’opposante Aung San Suu Kyi.  

Phyo Zeya Thaw, 41 ans, ancien député de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait été arrêté en novembre dernier puis condamné pour avoir enfreint la loi antiterroriste. 

Autre figure à avoir été exécutée : Kyaw Min Yu, 53 ans, dit "Jimmy", un écrivain et opposant de longue date à l'armée. Il est devenu célèbre pour son rôle dans le soulèvement étudiant de 1988 contre la junte militaire de l'époque. Il avait été arrêté en octobre dernier et condamné en janvier. 

Quant aux deux autres, il s’agit de deux hommes accusés d'avoir tué une femme qu'ils soupçonnaient d'être une informatrice de la junte.   

La repression ne cesse de s'abattre sur l'opposition birmane
La repression ne cesse de s'abattre sur l'opposition birmaneImage : Ye Aung Thu/AFP/Getty Images

Une première depuis plus de 30 ans  

Depuis le coup d’Etat militaire du 1er février 2021, des dizaines d’opposants à la junte ont été condamnés à mort, mais aucune exécution n’avait eu lieu jusqu’à présent. D’où la réprobation qui a suivi ces exécutions. 

"Le fait que deux représentants éminents de l'opposition démocratique ont été exécutés montre le mépris des militaires pour les aspirations démocratiques de leur propre peuple", a déclaré à Berlin, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. 

Pour l’ONG de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, ces exécutions sont, "un acte de la plus grande cruauté". 

"Ces actes pervers doivent marquer un tournant pour la communauté internationale. Le statu quo de l'inaction internationale doit être fermement rejeté", a affirmé pour sa part, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme en Birmanie. 

Un énorme recul

Amnesty International a aussi réagi. "Nous avons vu que les autorités militaires, par le biais de ces sortes de tribunaux improvisés qui ont raccourci les procédures, qui n'ont pratiquement aucun droit d'appel, aucun droit de clémence, nous avons vu que le recours à la peine de mort est devenu une partie intégrante de la conservation du pouvoir et de la poursuite de la répression de l'opposition. Il est vraiment difficile de prédire ce qui va se passer. Ce que nous avons vu aujourd'hui est un énorme recul. Nous avons vu les premières exécutions effectuées dans le pays depuis la fin des années 1980 ce qui, d'une certaine manière, montre bien ce dont ils sont capables", estime Chiara Sangiorgio, conseillère au sein de l’ONG de défense des droits de l'homme. 

Aung San Suu Kyi, la figure de proue de l'opposition
Aung San Suu Kyi, la figure de proue de l'oppositionImage : Ann Wang/REUTERS

Quant à la Ligue nationale pour la démocratie de Aung San Suu Kyi, elle s’est dite "dévastée" par ces exécutions. 

La dernière exécution capitale en Birmanie remontait à 1988, selon un rapport d’experts des Nations unies. 

Des ONG locales accusent également les militaires birmans d’avoir tué plus de 2.000 civils et arrêté plus de 15.000 autres dans la répression des manifestations depuis le coup d'Etat de février 2021. 

Les militaires birmans sont aussi accusés de génocide contre les Rohingya, la minorité musulmane du pays.  

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle