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De plus en plus de femmes au sein du parlement béninois

12 mars 2023

29 femmes figurent parmi les 109 députés installés le 12 février dernier. Une activiste, une députée et les populations saluent cette avancée dans le Club.

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C’est une petite révolution au Bénin, il y a un mois, la nouvelle législature a été installée, avec sur les sièges de l’Hémicycle 109 députés dont 29 femmes, un chiffre inédit. Jamais les femmes n’avaient été si nombreuses au parlement béninois, encore très largement dominé par les hommes.

Le dimanche 12 février 2023 elles étaient donc 29 députées à entrer en fonction. C’est près d’un quart de l’ensemble des 109 parlementaires. Même si c’est encore peu, eh bien c’est un pas dans la bonne direction, selon Huguette Bokpè Gnacadja, secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme au Bénin. La militante des droits des femmes note qu""on vient de loin" et que ce nombre de femmes est une avancée.

"C’est la première fois depuis 1990 que nous avons un tel pourcentage au sein du parlement. On était encore à 7,23% dans la législature précédente", observe Huguette Bokpè Gnacadja sur la DW.

Discrimination positive

La secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme reconnaît que ce nombre de femmes a été atteint grâce à ce qu’elle appelle des "béquilles" ou encore "mesures temporaires spéciales".

Mariam Chabi Talata et Patrice Talon lors de leur investiture le 23 avril 2021
Avant d'accéder à la vice-présidence du pays, aux côtés de Patrice Talon, Mariam Chabi Talata était vice-présidente du parlementImage : Präsidentschaft der Republik Benin

La loi électorale a prévu deux listes. Une liste où se trouvent candidats et candidates. La seconde liste accorde un siège à chaque candidate dans les 24 circonscriptions du pays. Le parti qui arrive en tête dans la circonscription remporte ce siège réservé aux femmes. Du coup, avant le scrutin, le parlement devait compter au moins 24 femmes.

"S’il n’y avait pas cela, je n’ose pas imaginer", admet Huguette Bokpè Gnacadja. Elle explique en effet que "le parlement béninois reste encore largement dominé par les hommes."

Pesanteurs sociologiques

Les pesanteurs socio-culturelles empêchent encore les femmes de s’émanciper politiquement.

"Nous sommes encore dans un système où le patriarcat a encore la vie dure", avoue Huguette Bokpè Gnacadja.

La participation aussi à un scrutin nécessite des moyens colossaux, ce que les femmes n’ont pas. Et il faut aussi du temps, poursuit la secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme. Elle croit qu’"il y a quand même un frémissement de quelque chose" grâce au travail réalisé par l’Institut national de la femme. Cet office public procède beaucoup à la sensibilisation des femmes et mène le plaidoyer pour que les femmes sachent revendiquer leurs droits.

La première de l’opposition

Les législatives de janvier dernier ont aussi la participation de l’opposition. Le parti Les Démocrates a pu s’en tirer avec des sièges. Il a pu aussi faire élire un deuxième vice-président au sein du bureau du parlement.

Le président du parti Les Démocrates (à gauche) lors du dépôt de leur dossier pour la présidentielle de 2021, la candidate, Reckya Madougou (à droite) n'a pas pu prendre part au scrutin, elle est en prison
Pour sa première participation à un scrutin, le parti Les Démocrates a pu avoir des sièges au parlement dont certains gagnés par des femmesImage : DW

Le parti de l’ancien président Boni Yayi a aussi pu faire élire des femmes. Parmi elles, il y a Edwige Tossah, élue du centre du Bénin. Elle reconnaît le poids des pesanteurs socio-culturelles mais salue le fait qu’au sein de sa famille "la socialisation n’a pas été sexuée".  Elle a grandi avec des hommes et reçu la même éducation. Et cela a constitué sa force. Si elle est aujourd’hui députée, c’est grâce au soutien de tous, sa famille, son époux, le soutien de sa communauté, précise la députée du parti d’opposition Les démocrates.

Edwige Tossah dit avoir pris l’engagement pour tout un peuple qui, dit-elle, voulait voir le parti, dont le président d’honneur est l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi, au parlement. "C’est une victoire du peuple", pense Edwige Tossah qui, avec ses collègues démocrates, veut corriger des choses dans la gouvernance du président Patrice Talon. Elle veut aussi agir dans le sens de l’éducation des jeunes filles pour leur émancipation et son autonomie financière.  

Satisfactions des Béninois

Selon la députée, la nation béninoise a tout à gagner dans un grand nombre de femmes au sein du parlement. Elle espère une meilleure représentativité des femmes dans les autres institutions. Et cela passe aussi, dit-elle, par le soutien des hommes.

Pour l’instant, les populations sont contentes de ce pas franchi par les femmes. Hassan salue ce nombre et parle aussi d’une avancée. Il espère que les revendications des populations vont être débattues au sein de l’Assemblée nationale.

Dieudonné, lui, pense que l’élection des femmes est une bonne idée. Les femmes sont pleines de sagesse, indique cet auditeur qui espère beaucoup de femmes pour les prochaines législatures, au moins la moitié, espère cet auditeur qui a un rêve. Même une femme peut être présidente de la République du Bénin : c’est son grand souhait.  

Le palais présidentiel lors du retour des biens culturels de la France (10.11.21)
Aucune femme n’a encore pu siéger au palais présidentiel (en image)Image : Séraphin Zounyekpe

Pour voir une femme être présidente, il faudra attendre l’élection présidentielle en 2026. En attendant, les 29 femmes députées auraient déjà fait leurs preuves, pour celles qui en sont à leur première législature.

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Trois jeunes regardent leur smartphone le poing levé
Image : xmedialenskingx/Imago ImagesImage : xmedialenskingx/Imago Images

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