Barroso cède devant le parlement européen

Peut-on pour autant parler de victoire de la démocratie en Europe? Jose Manuel Barroso a décidé de ne pas soumettre la nouvelle commission au vote des eurodéputés. Il a besoin de temps pour examiner le dossier et pour consulter le Conseil européen, c'est à dire les chefs d'état et de gouvernement. C'est évidemment admettre qu'il ne pouvait plus faire passer en force le commissaire italien désigné à la Justice, la Liberté et la Sécurité, Rocco Buttiglione, auteur de propos pour le moins controversés sur l'homosexualité et sur les femmes. Et sans Buttiglione, pas de commission puisque le parlement ne peut qu'approuver tout ou rien.

Cette capitulation en rase campagne est une première. Les eurodéputés ont marqué leur territoire. Le futur président de la commission devra refaire le tour des capitales de l'Union pour trouver une issue à cette crise. Et puis, conséquence logique, le mandat de la Commission sortante autour de Romano Prodi, est prolongé en attendant une sortie de crise qui va durer au moins quelques semaines.

Mais est-ce que notre Europe est mûre pour supporter ce genre de crise? Ce n'est pas sûr. Somme toute seuls la gauche et les libéraux du parlement de Strasbourg ont bloqué le choix de Barroso. Peut-on parler de victoire du parlement, comme l'a dit le patron des socialistes, l'Allemand Martin Schulz? Peut-être parce que la commission a besoin d'un soutien clair et net du parlement. Mais d'un autre côté, Jose Manuel Barroso, même s'il impose sa nouvelle équipe dans quelques semaines, partira affaibli. Sa première décision ayant été un échec.