Aung San Suu Kyi bientôt libre?
11 novembre 2010Plusieurs points d’interrogation subsistent néanmoins, sur le sort de l'opposante, et sur l’avenir politique du pays.
Selon des informations non confirmées publiées par un quotidien suisse, le général Tha Shwe, le chef de la junte birmane, aurait déjà signé l’ordre de remise en liberté d’Aung San Suu Kyi. L’opposante a passé plus de 15 des 21 dernières années en prison ou en résidence surveillée. La principale raison de son enfermement, c’est qu’avec son programme réformiste, Aung San Suu Kyi avait gagné haut la main les élections de 1990, un résultat que les militaires en place ont toujours refusé de reconnaître. L’année dernière, sa peine a été prolongé de 18 mois parce qu’un Américain avait réussi à atteindre son domicile à la nage.
Les Birmans dans l'attente
Etant donné que la prolongation de sa mise en résidence surveillée arrive à son terme le 13 novembre, ses proches et partisans espèrent qu'elle recouvrira effectivement la liberté, y compris celle de faire de la politique. La prudence reste de mise étant donné qu’indépendamment des engagements qu’elle a pu prendre, la junte agit à sa guise. Quoiqu’il en soit, quatre hauts responsables de l’ONU ont appelé le gouvernement à « mettre fin à toutes ses restrictions de déplacements et d’activités. »
Même optimisme prudent au sein du comité Nobel, en Norvège. Alors que l’opposante birmane n’a jamais pu aller retirer le Prix Nobel de la Paix, qui lui a été attribué en 1992. Geir Lundestad, secrétaire du Comité:
« Il faut d’abord qu’elle ait le droit de reprendre ses activités politiques. Et là, je ne suis pas très optimiste, car les élections n’étaient pas vraiment démocratiques. Mais son assignation à résidence est une honte et toute amélioration de son statut ne peut être que bienvenue. »
À Rangoun, les centaines de personnes rassemblées devant le domicile d’Aung San Suu Kyi et le siège de son mouvement, la Ligue nationale pour la démocratie, se sont dispersées pour éviter d’éventuels heurts.
Enfin, Aung San Suu Kyi ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Certes, elle symbolise, à l’étranger notamment, l’arbitraire du régime birman. Mais, comme le rappellent les experts de l’ONU dans leur communiqué, plus de 2200 opposants politiques à la junte attendent toujours d’être libérés.
Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Carine Debrabandère