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Economie

Au Mali, le prix de la baguette de pain s'envole

Mahamadou Kane
6 février 2021

Les consommateurs dénoncent une situation d'abus. Les boulangers se défendent en invoquant le contexte sanitaire lié à la pandémie.

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La baguette est passée de 250 à 350 francs CFA en une semaine
La baguette est passée de 250 à 350 francs CFA en une semaineImage : picture-alliance

Le Regroupement pour la défense des consommateurs du Mali dénonce une anarchie dans la distribution du pain, alors que le prix de la baguette grimpe depuis lundi dernier (01.02).

Les boulangers s'en défendent, à l'image de Moussa Sacko travaille dans une boulangerie à Yirimadio Zerny, un quartier de Bamako. Celui-ci justifie cette hausse du prix de la baguette de pain par la soudaine explosion du prix du sac de farine de blé. 

"Avant on nous cédait le sac de la farine de blé à 16.500 ou à 17.000 francs CFA mais nous le prenons maintenant à 20.000 francs CFA. Ce qui est bien sûr hors de portée pour nous. Si les vendeurs de farine de blé reviennent au prix initial de vente, nous serons prêts à en faire de même."

Ecoutez le sujet de notre correspondant à Bamako

Des prix hors de portée

Mais pour ce consommateur, la hausse du prix de la baguette de pain ne se justifie pas.

"Le pain c’est tout d’abord une denrée de première nécessité tout comme le lait, le riz, etc. Partant de là, acheter une baguette de pain à 350 francs CFA, c’est vraiment une somme exorbitante et ce n’est pas à la portée du Malien lambda. Je pense qu’il faudrait revenir à l’ancien prix (250 francs CFA, ndrl) afin que la baguette de pain soit à la portée de tout le monde."

Au marché très animé de Banankabougou, un quartier populaire de Bamako, Seydina Oumar Sow vend divers produits de première nécessité. Selon lui, la pandémie de coronavirus n’a pas fait que des malheureux :

" Ça marche plus ou moins dans ma boutique. Ainsi va la vie, parfois les affaires marchent bien, parfois c’est le contraire qui se produit. Dire que la Covid-19 a davantage accentué la pauvreté, je ne partage pas cet avis parce que certaines personnes profitent de cette situation. En d’autres termes, certains se sont enrichis pendant que d’autres se sont appauvris." 

Spéculation

A 200 mètres de là, Kadiatou Diakité, vendeuse de poisson subit de son côté les effets néfastes de la crise sanitaire :

 "Je vis des moments difficiles depuis l’apparition de la Covid-19 au Mali. Avant je pouvais faire un bénéfice net de 4.000 francs CFA par jour. Maintenant, je ne dépasse guère 1.000 francs CFA comme bénéfice. C’est une situation très complexe. Actuellement, je dois de l’argent à mes fournisseurs car je me suis lourdement endettée auprès d’eux. Les affaires ne marchent pas du tout."

La crise sanitaire semble donc favoriser la spéculation en raison des difficultés d’approvisionnement qui touchent aussi la farine de blé.

Depuis mars 2020, environ 8.000 personnes ont contracté la Covid-19 pour 333 décès dans l’ensemble du pays.