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Au Liban, le départ de Hariri ne suffit pas aux manifestants

30 octobre 2019

Les protestataires ont laissé éclater leur joie à l'annonce de la démission du gouvernement mais ils réclament des changements profonds et rapides dans une société libanaise qui va mal.

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Libanon Feier nach Rücktritt Saad Hariri, Ministerpräsident
Image : Reuters/A. Taher

Au Liban, il aura fallu 13 jours de révolte populaire pour que le Premier ministre Saad Hariri et son gouvernement annoncent leur démission ce mardi 29 octobre. Ce gouvernement n’aura tenu que huit mois, lui-même fruit de négociations difficiles entre toutes les forces politiques du pays. Les manifestants ont accueilli la nouvelle de son départ par des vivats, des concerts de klaxons, des feux d’artifice et la levée des barrages routiers. Mais la crise sociale et politique est-elle pour autant réglée ? Pas sûr...

Libanon PK Premierminister Saad al-Hariri in Beirut
Saad Hariri, mardi 29 octobre, annonce son départ à la télévisionImage : picture-alliance/dpa

Une taxe et la rue s'enflamme
C’est l’introduction d’une nouvelle taxe sur les messages Whatsapp qui a mis le feu aux poudres le 17 octobre. Devant la contestation, des réformes ont été annoncées quatre jours plus tard mais elles n’ont pas convaincu.

Trente ans après la fin de la guerre civile, le mécontentement des Libanais est profond. Ils souffrent de coupures régulières d’eau et d’électricité. Plus d’un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté et les citoyens dénoncent la corruption des élites politiques. 

Libanon Anti-Regierungsproteste in Beirut
Les manifestants posent un ultimatum aux autoritésImage : picture-alliance/AP Photo/B. Hussein

Encore des revendications

D’ailleurs, les contestataires qui célèbrent le départ du gouvernement Hariri mettent en garde : la colère gronde toujours.

Perla-Joe, artiste qui a participé aux manifestations, explique : "On nous a demandé de rouvrir les axes routiers après que l’une de nos revendications essentielles a été entendue. Alors on a levé les barrages pour un, deux ou trois jours. Mais s’ils ne forment pas de gouvernement de technocrates, ce que nous réclamons, nous allons redescendre dans la rue, ne vous y méprenez pas ! Ce qu’on a fait aujourd’hui, c’était seulement pour l’armée libanaise, pour lui rendre hommage et parce qu’on a besoin de nous reposer un peu."

Naji, un architecte, abonde en son sens : "On a décidé de quitter le pont pour le bord de la route et on sera toujours prêt à agir en fonction des décisions politiques à venir, en interne ou à travers la presse. Nous sommes prêts à nous remobiliser rapidement. Nous demandons à toute la population de nous soutenir, nous ne voulons pas qu’ils nous abandonnent."

Libanon Menschenkette in Beirut
Le Liban en mutationImage : picture-alliance/AP Photo/B. Hussein

La fin du Pacte national?

Un "Pacte national", établi au Liban en 1943 entre chrétiens et musulmans, est censé régir le partage du pouvoir entre les 18 communautés religieuses officiellement reconnues : le président est chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le président de l’Assemblée nationale musulman chiite.  

Mais ce consensus et sa révision de 1989 dans les Accords de Taëf sont grippés. 

Les chrétiens sont devenus minoritaires, les conflits de la sous-région et le soutien de l’Iran au Hezbollah chiite ont bouleversé les équilibres.

La constitution du nouveau gouvernement ne sera donc pas chose facile. D’autant que les manifestants donnent 48 heures au pouvoir pour former un nouveau cabinet, issu cette fois de la société civile.

Craintes d'un embrasement

 A l’instar d’autres grandes puissances et de l’ONU, l’Allemagne craint un vide du pouvoir à Beyrouth, qui pourrait entraîner des violences entre communautés. Le chef de la diplomatie allemande en visite en Egypte, Heiko Maas, dit suivre la situation de près et appelle au "maintien de la stabilité", pour le Liban et l’ensemble de la sous-région.