1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Gabon : Le difficile quotidien des athlètes paralympiques

19 mars 2021

Malgré des moyens très limités, trois athlètes paralympiques gabonais rêvent des Jeux qui doivent se dérouler cet été à Tokyo, au Japon.

https://p.dw.com/p/3qqa2
Davy Moukagni
Davy Moukagni a de vraies chances de médaille aux Jeux Paralympiques de TokyoImage : Steeve Jordan/AFP/Getty Images

A moins d'une annulation en raison de la pandémie de coronavirus, les Jeux Paralympiques de Tokyo doivent se dérouler cet été, après les Jeux Olympiques, soit du 24 août au 5 septembre prochains.

Partout dans le monde, les athlètes paralympiques se préparent à cet événement. Au Gabon cependant, les athlètes doivent s'entraîner avec du matériel pas du tout approprié, en raison du manque de moyens.

Un vélo vieux de dix ans

A 44 ans, Edmond Ngombi est ce qu'on appelle un vétéran. Atteint de polio, ce coureur de 100m sur tricycle était le seul athlète gabonais aux Jeux Paralympiques de Rio, en 2016. En raison d'un matériel défectueux - à savoir un vélo vieux de dix ans offert par la fondation Sylvia Bongo Ondimba, du nom de la première dame du pays -, Edmond Ngombi n'était pas parvenu à passer le stade des demi-finales : 

"C'est le matériel en question qui m'avait un peu déphasé, pourquoi parce que je ne pouvais pas en même temps pousser sur le vélo et garder le couloir parce que lorsque vous débordé le couloir vous êtes disqualifié", se souvient-il.

Une possibilité de médaille

Edmond Ngombi n'est pas le seul dans ce cas. Comme lui, les deux autres athlètes qui se préparent pour ces Jeux Paralympiques dans le vétuste stade d'Owendo, situé à une dizaine de kilomètres au sud de la capitale Libreville, s'entraînent avec les moyens du bord.

Davy Moukagni, amputé du bras il y a cinq ans à cause d'un ulcère de Buruli, une maladie qui s'attaque à la peau et aux os, a un record personnel de 11.76 secondes sur 100m, ce qui lui garantirait une place sur le podium aux Jeux Paralympiques - et donc une médaille pour le Gabon. Mais l'athlète de 28 ans s'entraîne sur une piste parsemée de pierres et dont les lignes sont effacées, ce qui n'est pas vraiment idéal.

"Les conditions dans lesquels je travail ne sont pas très adéquates. Du coup j'aimerais bien que la fédération et le gouvernement prennent un peu part sur les sportifs parce que je m'entraîne avec les moyens de bord. Il n'y a rien, je me débrouille comme un vrai Gabonais", confesse Davy Moukagni dans un sourire.

Des subventions inexistantes depuis sept ans

Jusqu'en 2014, la Fédération gabonaise paralympique recevait du gouvernement une enveloppe annuelle de 50 millions de francs CFA, soit environ 75.000 euros. Mais l'État, pourtant riche de ses hydrocarbures même si les cours ont chuté, a supprimé les subventions depuis. C'est donc avec les moyens du bord que doivent composer les athlètes. Audray Fabiola Mengue Pambo, qui a les jambes amputées, s'entraîne au lancer du poids sur une petite colline depuis un tabouret en bois, faute là encore de matériel adapté.

"Il faudrait que le gouvernement essaye de mettre un peu plus d'accent sur le sport des personnes handicapées enfin que nous puissions apporter plus de performances au niveau de notre pays", insiste la lanceuse de poids.

Audray Fabiola Mengue Pambo
Audray Fabiola Mengue Pambo s'entraîne au poids depuis un tabouret en boisImage : Steeve Jordan/AFP/Getty Images

Une solution de dernière minute

Si Frank Nguema, le ministre gabonais des Sports, reconnaît que "la pratique des sports paralympiques n'est pas suffisamment développée dans notre pays", il s'agit pourtant d'un élément essentiel pour ces personnes en situation d'handicap. Car comme l'explique l'entraîneur Landry Lignabou, qui est bénévole, "l'handisport, c'est d'abord la socialisation pour l'autonomisation de la personne handicapée".

Les trois athlètes ont obtenu à la dernière minute un financement de l'État gabonais pour se rendre aux qualifications aux Jeux Paralympiques, qui se tiennent ce week-end à Tunis. À voir si leur entraînement avec les moyens du bord leur permettra de décrocher le fameux sésame pour Tokyo.