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Au Cameroun, les réfugiés et déplacés privés d'éducation

Elisabeth Asen
4 février 2025

Aux enfants réfugiés venus de Centrafrique et du Nigeria s'ajoutent de plus en plus de déplacés internes qui n'ont plus accès au système scolaire.

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Une salle de classe vide.
Les aides internationales sont encore trop faibles pour financer le retour à l'école de dizaines de milliers d'enfants au CamerounImage : Kola Sulaimon/AFP/Getty Images

Le Cameroun est confronté à une crise humanitaire sans précédent. A l'afflux de réfugiés en provenance de la République centrafricaine et du Nigeria, s'ajoutent les déplacés internes issus des régions anglophones et de l'Extrême-Nord.

Cette crise créé une situation désastreuse pour les enfants et leur accès à l'éducation. Parmi ces personnes déplacées, beaucoup sont en effet des enfants d'âge scolaire qui ont été contraints de quitter leur foyer et leur école pour fuir les violences. 

Adeline est Centrafricaine. Elle avait deux ans lorsqu'elle est arrivée au Cameroun avec ses parents. A 23 ans, elle a pu étudier grâce au Programme de développement et assistance aux réfugiés (Dafi).

"J'ai reçu une assistance depuis l'école primaire jusqu'à l'école secondaire, raconte-t-elle. J'ai eu mon baccalauréat et j'ai appris que je pouvais aller à l'université, une université privée pour me former dans un domaine qui me fait rêver. C'est comme cela que j'ai reçu ma bourse Dafi en 2021. J'ai intégré la filière Sciences infirmières à l'Institut universitaire des sciences techniques de Yaoundé. Cette année, je prépare une licence".

Des fonds d'aide insuffisants

Grâce au soutien des gouvernements allemand, danois et d'autres partenaires et fondations privées, le programme a permis à près de 30.000 jeunes réfugiés d'avoir accès aux études supérieures depuis 1992.

Cependant, des inquiétudes demeurent sur ce que vont devenir les milliers d'autres réfugiés et déplacés pour qui les financements sont insuffisants.

Madeleine Mfomo, responsable du programme pluriannuel de résilience Education Cannot Wait explique que "ce programme voudrait permettre à 68.000 enfants en urgence éducative d'accéder à une éducation. Sauf que les fonds de démarrage qui ont été octroyés au gouvernement du Cameroun s'élèvent à 25 millions de dollars. Et pour ces 68.000 enfants, il faudrait 75 millions de dollars. Il y a ainsi un gap de 50 millions de dollars à combler".

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Le programme, qui en est à sa première phase et s'achève cette année, aide à la réinsertion des victimes de la crise sécuritaire dans les provinces du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Extrême-Nord du pays. Grâce à lui, des écoles ont été construites et des enseignants formés pour accueillir ces enfants.

Crises multiples

Eddy Patrick Donkeng, responsable de la communication pour l'ONG Plan International, encourage les différents partenaires à se mobiliser davantage.

Il rappelle que "rien ne doit empêcher ni stopper l'éducation ! Ni les crises, ni les décisions qui vont réduire les financements. Nos jeunes amis citoyens d'un autre pays vous disent ce qu'ils traversent, vous montrent comment l'éducation a transformé leur vie. C'est leurs histoires qui devraient pousser à redoubler les financements en matière d'éducation".

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Selon l'Unicef, en 2023, environ 1,4 million d'enfants en âge d'être scolarisés avaient un besoin urgent d'aide à l'éducation au Cameroun. Des chiffres qui augmentent chaque jour avec le flux de réfugiés et de déplacés internes. Une réalité qui nécessite une réponse urgente.