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"Sans moyens financiers dans les hôpitaux, tu meurs"

4 septembre 2023

De nombreux patients en Afrique doivent rester à la maison ou ne se rendent pas dans les hôpitaux faute d’assurance maladie universelle. Témoignages dans le Club.

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Pas facile la question de la prise en charge sanitaire des patients dans beaucoup de pays africains. Nombreux sont en effet les malades qui n’ont pas une carte d’assurance maladie qui couvre les soins dans les centres de santé. Les malades doivent compter sur leur poche ou celle de leur entourage pour se rendre à l’hôpital. A défaut, ils doivent rester à la maison quitte à frôler la mort. L’assurance maladie universelle est le sujet cette semaine du club de l’auditeur et de l’internaute.

En Côte d’Ivoire, les autorités ont décidé d’encourager les populations à souscrire au projet. L’Etat oblige les Ivoiriens, depuis septembre, dernier à s’enregistrer pour obtenir la carte d’assuré.

Yamoussoukro conditionne par exemple la couverture maladie universelle à l’inscription à l’école. En clair, pas de couverture maladie universelle, pas de scolarisation. Du coup, cela a entrainé une ruée vers les centres d’enrôlement, comme nous le racontait notre correspondant Julien Adayé à la mi-août.

Une carte sans soins de santé

Un agent de santé reçoit le vaccin contre Ebola après qu’un cas a été confirmé à Abidjan
Les populations ivoiriennes déplorent la lenteur dans la délivrance des cartes qui devraient leur permettre de se soigner Image : Luc Gnago/REUTERS

Alors, il y a une dizaine de jours, l’agence ivoirienne en charge de la délivrance des cartes d’assurance maladie reconnaissait des retards dans la production des cartes. Jean Jacques de Côte d’Ivoire écrit sur WhatsApp que la CMU est salutaire. Pour Macaire d’Abidjan, la meilleure façon de faire s’inscrire tout le pays, c’est de faire en sorte que cette carte permette aux Ivoiriens de se soigner.

Au Bénin, l’assurance maladie doit être aussi obligatoire. Le gouvernement a rencontré il y a un mois diverses associations et les compagnies d’assurance pour leur présenter le contenu du décret portant assurance maladie obligatoire. Tout le monde est donc concerné par la couverture d’assurance, jusqu’aux pauvres extrêmes et non extrêmes, comme le gouvernement les appelle.

Florès de Glazoué dans le centre du Bénin a entendu parler de la couverture maladie mais il n’a pas encore reçu témoignage de personnes qui se sont fait soigner via la carte d’assurance maladie. Pour l’instant, il compte sur ses propres moyens financiers.

D’après la chaîne de télévision publique béninoise, les employeurs doivent fournir les polices d’assurance souscrites pour leurs employés dans un délai de 12 mois.

Saliou du Bénin nous dit sur WhatsApp n’avoir pas encore une carte d’assurance maladie. Mais il affirme bénéficier d’une prise en charge pour sa maladie des reins. Pour les autres maladies, on se débrouille, avec nos propres moyens, souligne l’internaute. Quand un Béninois est malade, il va soit dans une clinique privée ou dans un hôpital public. Nombreux sont ceux qui meurent à la maison, faute de moyens financiers, regrette pour conclure, Saliou.

Scène de rue à Cotonou, la capitale économique du Bénin  (29.03.21)
L’assurance maladie obligatoire tarde encore à être implémentée au BéninImage : Katrin Gänsler/DW

Les hôpitaux d’abord, l’assurance maladie après

Samban de Lomé au Togo croit cependant qu’il faut qu’il y ait déjà des hôpitaux avant de parler d’assurance maladie. Une couverture d’assurance existe toutefois bel et bien, comme le confirme Christophe de Lomé. Paul Aimé du Togo indique que les soins de santé au Togo coûtent extrêmement chers et les hôpitaux manquent de tout.  Pema écrit que ce n’est pas simple lorsqu’on met les pieds à l’hôpital. Tu te demandes si le droit à la santé, c’est pour tout le monde, ajoute l’internaute qui conclut que des populations sont alors obligées de recourir à la médecine traditionnelle, faute de moyens.

L’extension de la couverture de sécurité sociale constitue l’un des plus grands défis pour la quasi-totalité des membres del’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) en Afrique. Selon cette association qui se base sur des chiffres de l’Organisation internationale du travail, 23% de la population en Afrique bénéficie d’un régime de santé sociale. On l’a dit plus haut, en Afrique seuls les agents publics et les travailleurs de certaines entreprises prisées ont une carte d’assuré. 

Cherif du Cameroun se voit ainsi exclu.

José de RDC nous dit sur WhatsApp : dans les hôpitaux, si tu n’as pas de moyens financiers tu meurs. Pour être consulté par les infirmiers, il faut toujours corrompre. Son compatriote Benjamin dit sur Facebook attendre que la promesse d’une couverture maladie soit tenue.

Donard est ingénieur en bâtiments et travaux publics à Kinshasa, il croit que la couverture maladie universelle est pour les privilégies.

Une assurance pour les fonctionnaires

Un abonné congolais nous écrit sur WhatsApp : l’assurance maladie n’est même pas connue de tous. Quand je suis malade, je me débrouille pour acheter les médicaments et me faire soigner. Si les moyens ne suffisent pas, la famille ou les amis peuvent m’épauler pour subvenir aux besoins nécessaires.

La Caisse nationale de sécurité sociale à Kinshasa (mai 2023)
L’assurance maladie est encore un luxe pour de nombreux Congolais Image : Dirke Köpp/DW

Bazema du Burkina Faso indique sur Facebook que dans son pays, la population paye les pots cassés. Même les premiers soins, c’est le citoyen lambda qui paie, déplore-t-il encore. Au Burkina Faso justement, l’organisation internationale du travail a lancé il y a quelques jours un projet de protection sociale. Le projet s’étend sur trois ans. L’idée est d’étendre la couverture maladie aux travailleurs de l’économie informelle.

Au Niger, ces travailleurs du secteur informel sont aussi exclus de la prise en charge sanitaire. Aboubacar habite à Bilma. La ville est située dans le nord-est du pays, à près de 600km d’Agadez. Aboubacar bien qu’étant contractuel de l’Etat ne bénéficie pas d’une couverture d’assurance maladie.

Ce commentaire de Yvette de RDC : c’est difficile quand tu es malade. Si l’hôpital te prodigue des soins et que tu ne paies pas, tu es bloquée à l’hôpital. Abakar du Tchad écrit que le manque de moyens pousse des populations à rester à la maison. Ici au Tchad, on ne connaît pas l’assurance maladie, dit encore Bourgeois de Pala. Son compatriote Benjamin conclut sur WhatsApp : en cas de maladie, tu ne peux compter que sur ta propre poche ou tes proches.  Le manque d’assurance santé est un fléau.

 

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Trois jeunes regardent leur smartphone le poing levé
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