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RDC : après Goma, Bukavu dans le viseur du M23 ?

7 février 2025

La capitale de la province du Sud-Kivu se prépare à être attaquée par le M23 et ses alliés rwandais, illustrant une poursuite du conflit qui fait craindre "le pire“ aux Nations unies.

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Skyline de la République démocratique du Congo à Bukavu (photo d'illustration)
Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, a connu ces dernières semaines un fulgurant développement (photo d'illustration)Image : ALEXIS HUGUET/AFP

Une rencontre est prévue ce samedi 8 février à Dar es Salam, en Tanzanie, entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, pour discuter du conflit meurtrier dans l’est de la République démocratique du Congo.

Entre-temps, ce lundi 3 février, un cessez-le-feu décrété de manière unilatérale par le M23 n’a pas été respecté et la progression des rebelles se poursuit vers le Sud. Dans une de ses communications, en début de semaine, le M23 avait pourtant affirmé ne pas vouloir s’emparer de Bukavu.

"Nous ne savons pas de quoi sera fait le lendemain" (Jean Chrysostome Kijana)

Au niveau de la Nouvelle dynamique société civile, dont Jean Chrysostome Kijana est le président, la violation de ce cessez-le-feu n’a rien d’étonnant. Il estime que c’était une manière de faire diversion sur le terrain.

"Aujourd’hui, les écoles ont eu du mal à fonctionner, les universités n’ont pas ouvert leurs portes, il s’agit d’une situation de tension qui est perceptible dans toutes les communes de la ville de Bukavu. Nous ne savons pas de quoi sera fait le lendemain. Et bien évidemment, sur toute la route nationale numéro 3, à partir de Kalehe, Katana, Miti, Kavumu, jusqu'à Bukavu, il y a une psychose qui se généralise", soutient Jean Chrysostome Kijana.

Une guerre sur le terrain et dans les médias ?

Si la psychose monte au sein de la population, les autorités administratives et militaires se veulent rassurantes. Ainsi, l’armée précise que "dans le but de couper court aux rumeurs propagées par l'ennemi", le lieutenant-général Masunzu Pacifique a conduit ce jeudi (06.02.2025) une forte délégation dans le chef-lieu de Kalehe. Les soldats auraient été jusqu’à Ihusi, en passant par les cités de Kabamba, Kabembe, Mishebere, et Katana.

Nous avons pu entrer en contact avec le gouverneur de la ville de Bukavu. Celui-ci affirme que le but du M23 est de créer la panique afin de progresser plus vite. "La guerre qui nous oppose au Rwanda/M23 est une guerre qui est non seulement militaire, mais aussi économique et médiatique. C'est-à-dire que les médias sont utilisés, l'ennemi a monté toute une armée numérique pour accompagner ses actions militaires et économiques dans la province du Nord-Kivu et du Sud-Kivu", explique Jean-Jacques Purusi à la DW.

"Le but de l'ennemi, c'est de faire paniquer la population, la faire fuir pour pouvoir entrer dans les villes qu'ils trouvent vides. Tout ça, c'est de la campagne d'intoxication. Que la population n’ait pas peur ! "

Ne pas oublier les civils

Quelle pourrait être la prochaine étape de cette avancée du M23 dans le Sud-Kivu ? Pour Erik Kennes, chercheur à l’Egmont Institut, l’objectif est entre autre l’aéroport de Kavumu.

"L’enjeu stratégique de Kavumu est très important. L’armée gouvernementale a déjà perdu l’aéroport de Goma. La seule alternative, si on veut avoir un endroit pour approvisionner les troupes, apporter la logistique, c’est l’aéroport de Kavumu. Les autres solutions sont beaucoup plus difficiles", explique-t-il.

"Donc, si le gouvernement perd Kavumu, je pense que l’armée gouvernementale sera presque anéantie dans cette région. Maintenant, est-ce qu'ils vont résister à Kavumu ? Est ce qu’ils ont assez de matériel ? Est ce qu’ils ont la motivation pour se battre ? On ne sait pas."

S’agissant de la rencontre de Dar es Salam ce week-end, Me. Nene Bintu, présidente de la société civile du Sud-Kivu, explique que l’urgence est de venir en aide aux populations qui fuient les combats.

"Nous faisons confiance à la médiation de madame Samia Suluhu qui est présidente de la Tanzanie et à qui on a confié cette lourde charge d’organiser ce sommet mixte EAC/SADEC. Nos attentes sont nombreuses parce que la population souffre, il y a beaucoup de déplacés internes, il y a même des réfugiés qui sont enregistrés maintenant au Burundi et dans d’autres pays voisins et cela fait reculer notre République", assure-t-elle.

Selon l’AFP, le Burundi a envoyé un bataillon supplémentaire pour soutenir l'armée congolaise contre le groupe armé M23 et les troupes rwandaises, dans l'est de la RDC.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash