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Le droit humanitaire menacé face aux nouveaux conflits

Helen Whittle | Hugo Flotat-Talon
12 août 2024

Les conventions de Genève, base du droit international humanitaire, fêtent leur 75e anniversaire ce 12 août. Mais l'évolution des formes de conflit menace l'application des textes.

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Personne tenant un téléphone portable avec le logo du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à l'écran
Les Conventions de Genève autorisent le CICR à rendre visite aux prisonniers de guerreImage : Timon Schneider/Zoonar/IMAGO

Elles sont décrites par le Comité internationale de la Croix Rouge comme "l'une des réalisations les plus importantes de l'humanité au cours du siècle dernier". Les conventions de Genève fêtent leurs 75 ans ce lundi 12 août. Des conventions qui encadrent les guerres. Elles doivent, en temps de conflit, protéger les civils, médecins et travailleurs humanitaires notamment.

Un droit qu'on doit à la seconde guerre mondiale. Il existait avant celle-ci une première convention adoptée en 1864. Mais les textes sont révisés en 1949, au sortir du conflit mondial. On décide alors non pas d'interdire la guerre, mais de faire au mieux pour que le droit humanitaire soit respecté même en temps de conflit. Ainsi les conventions de Genève, le traité de 1949 et trois autres textes adoptés plus tard, garantissent par exemple , un traitement humain pour les soldats blessés et les malades. Elles encadrent aussi le traitement des civils des territoires occupés ou instaure la neutralité du personnel et des installations médicales.

De nouvelles formes de conflits

Portrait dessin de Jean Henri Dunant
Jean Henri Dunant est considéré, dès le 19ème siècle, comme le père des conventions de GenèveImage : Ann Ronan/Heritage Images/IMAGO

Ces conventions internationales ont été ratifiées par tous les Etats. Mais depuis leur création il y a 75 ans, les formes de conflits ont changées. Il n'y a plus seulement des guerres entre Etats comme c'était souvent le cas auparavant. De nouveaux acteurs, des groupes armés par exemple, qui ne respectent pas ces conventions ont fait leur apparition, rendant l'application de ces textes de plus en plus compliquée.

"Aujourd'hui, plus de 120 conflits sont recensés par mon organisation, et alors que les gouvernements et les médias se sont concentrés sur les destructions en Ukraine et à Gaza, les conflits armés qui se déroulent ailleurs font des ravages tout aussi choquants", déplore, ce lundi 12 août la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, le CICR, Mirjana Spoljaric. "Les violences en Éthiopie ont fait des centaines de milliers de morts. Les combats ont déplacé 8 millions de personnes au Soudan et 6 millions en République démocratique du Congo. Les conflits prolongés au Mali, en République centrafricaine (...) ou au Yémen ont tous un coût humain effroyable".

Des dizaines de milliers de victimes civiles

L'an dernier, le nombre de victimes civiles dans le monde a explosé : plus de 33.000 décès recensés par les Nations unies. 72% de plus par rapport à 2022. L'utilisation d'armes plus sophistiquées fait craindre à la présidente du CICR que ce nombre ne baisse pas. "Si les algorithmes sont formés à des règles de ciblage laxistes, le nombre de victimes civiles augmentera", insiste Mirjana Spoljaric. "Ainsi, sans nouvelles limites juridiques, les armes autonomes pourraient fonctionner avec peu de retenue et prendre des décisions de vie ou de mort sans surveillance ni contrôle humain."

Coté experts, le discours n'est pas plus réjouissant. Des professeurs de droit internationaux déplorent des attaques "sans précédent" contre des civils, hôpitaux ou travailleurs médicaux.  "Pour que les conventions de Genève soient respectées, les criminels de guerre doivent être jugés et les exportations d'armes dans les pays où le droit humanitaire est bafoué doivent cesser", plaide un professeur de droit international.